Par Gohou Danon
Un simple contentieux électoral plonge la Cote d’Ivoire dans une crise politico-militaire ou les « puissants » du monde (Chine, Russie, France et Etats-Unis) se laissent mener selon le vent de leurs intérêts. Là où la loi fondamentale trouve une solution rapide en toute démocratie, la Cote d’Ivoire se voit imposée une solution d’affrontements meurtriers. Fait encore étonnant, des pays africains (Burkina Faso, Nigeria, Mali etc.) parrainés par la France et les USA, prennent position contre la Cote d’Ivoire. Cette action semble absurde vu l’étroite relation entre les économies de la CDEAO. Cela dit les experts du FMI sont unanimes sur les effets collatéraux dans la sous-région vu le rôle pivot que joue la Cote d’Ivoire dans l’économie de l’UEMOA. Les dégâts en Côte d’Ivoire sont énormes et le phénomène de transmission tout aussi rapide, touche déjà plusieurs pays de la zone.
Comme au Japon le sinistre est important dans la zone franc CFA. Cependant, contrairement au Japon secoué à la fois par un séisme suivi d’un Tsunami puis d’une catastrophe nucléaire, le sinistre dans les pays de la Zone Franc CFA est volontairement préparé et exécuté par l’homme. Depuis des décennies les pays d’Afrique noire francophone n’ont jamais approché le tiers (1/3) du plein emploi. Pire ils vivent la crise d’une dette publique qui les éloigne toujours du bienêtre social et économique. Le point commun entre ces pays dit « pays pauvres très endettes – PPTE » et le Japon aujourd’hui est que leurs économies respectives sont, en terme de plein emploi, en nette recul avec en prime une dette « insoutenable » pour les premiers et non toxique pour le dernier.
Le sous-emploi des capacités de production en ce moment au japon se confond aux catastrophes naturelles et les milliers de pertes en vies humaines. Quant à l’Afrique noire francophone, pourtant riche en matières premières, elle perd des millions de ses citoyens dans les guerres civiles et génocides provoqués par les anciens tuteurs coloniaux mais menées sur le terrain par des africains eux-mêmes. Comme nous le constatons, les causes de la souffrance dans les deux zones sont plus ou moins différentes mais le pays de l’empereur Akihito et les 14 pays de la zone franc CFA ont à tout le moins un besoin incontestable d’une importante masse monétaire pour rester économiquement debout.
Cependant s’il n’y a aucun doute sur l’évidence que le Japon rebondira très vite de cette crise, l’on ne peut se tromper en soutenant le contraire pour l’Afrique noire francophone. Ainsi le Yen (la monnaie japonaise) retrouve sa santé contre le dollar due à un mouvement spéculatif quant au besoin de financement de l’économie nippone, pendant ce temps, l’union monétaire ouest africaine (UEMOA) et sa banque centrale (BCEAO) peinent à convaincre les experts du FMI quant à la future performance de l’économie de la sous-région. En effet, le miracle au Japon se manifeste dans la capacité de la banque centrale à « créer » de la monnaie pour le financement de l’économie, la banque du Japon ne s’est pas fait prier pour accroitre la liquidité de son système financier en très peu de temps avec la bagatelle de 34000 milliards de yen. Cette souveraineté monétaire dont jouit le japon, retire à la dette du pays sa capacité de nuisance. Ainsi la dette nippone qui va certainement passer de 200% à 300% (ou plus) du PIB n’a jamais inquiété les marchés financiers au point de parler de faillite du pays.
En Afrique noire francophone par contre, la dette publique et le dénie de la souveraineté monétaire continueront de creuser les plaies générées par les guerres civiles et les génocides. Que l’Afrique noire francophone saisisse son droit de battre monnaie et plusieurs de ses membres dont la Cote d’Ivoire seront appelés à rejoindre le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine au nombre des pays émergents ou BRIC. Cette idée semble malheureusement très loin de voir le jour vu les contraintes géopolitiques des maitres qui pourtant refusent la souveraineté monétaire au profit de l’Europe tout en l’exerçant de force au compte des 14 pays d’Afrique noire francophone.
Le cas de la Cote d’Ivoire pourrait néanmoins faire école si le pays, aujourd’hui dos au mur, arrivait à battre sa monnaie pour financer et sa dette publique et ses grands projets de reconstruction qui s’imposent au sortir d’une guerre imposée par la France et les États Unis. Ceci se justifierait car un pays monétairement souverain n’a pas besoin d’emprunter ni au public ni aux banques prives ni a aucun autre états pour financer son déficit. Un état, ce n’est pas un vendeur un ménage, il ne connait pas la faillite. « C’est ça qui est la vérité ».
No comments:
Post a Comment