PAR MICHAEL PAURON
Dambisa Moyo - 43 ans |
Dans son
troisième livre, (Vive la Chinafrique / Winner Take All) l'intellectuelle zambienne Dambisa Moyo s'en prend à quelques idées
reçues sur l'insatiable appétit de la Chine en Afrique.
À
43 ans, la pétulante économiste Dambisa
Moyo n'en est pas à son coup d'essai. En 2009, son premier livre, L'Aide
fatale, avait enflammé la presse et les intellectuels : elle accusait
l'aide au développement d'aggraver la situation en Afrique plutôt que de
l'améliorer, et prônait, à la place, une politique libérale. Était-ce une
réminiscence de son passage à la Banque mondiale ? Malgré la bronca de
certaines ONG, son ouvrage a été salué : elle donnait un coup de pied dans la
fourmilière. Le président rwandais, Paul Kagamé, séduit pas les thèses qu'elle
y défendait, l'aurait même offert à ses collaborateurs.
Son
deuxième livre (2010) ne fut pas moins sulfureux, puisqu'il s'attaquait aux
États-Unis, colosse aux pieds d'argile sur le point de perdre son hégémonie
mondiale, écrivait-elle en résumé.
Pari osé
Avec
Winner Take All (qu'on pourrait traduire par « le vainqueur rafle la mise »),
l'économiste née à Lusaka, en Zambie, tente de démontrer pourquoi le monde
connaîtra une pénurie croissante de ses ressources - eau, minerais, énergie,
nourriture... Un pari osé, puisque prédire aujourd'hui ce qu'il adviendra
demain des matières premières est un exercice risqué auquel peu d'économistes
se livrent encore. Mais il faut bien entretenir son statut : devenue une intellectuelle
en vue, l'ancienne chef économiste en charge de l'Afrique subsaharienne chez
Goldman Sachs a intégré en 2009 le classement des cent femmes les plus
influentes publié chaque année par le magazine américain Time.
Son
nouvel opus prend cette fois la Chine pour objet, sa soif de matières premières
et sa stratégie pour en acquérir. La diplômée de Harvard explique ainsi que
l'empire du Milieu n'a cessé de tisser des liens avec l'Afrique et l'Amérique
latine, privant les pays occidentaux d'affaires potentielles. Et contrecarre
certaines idées négatives sur la Chinafrique. Une fois de plus, elle met en
lumière les faiblesses d'un Nord en pleine tourmente. L'acharnement d'une
Africaine contre l'Occident ? Résidant à Londres, elle dit ne plus être uniquement
africaine, ni totalement européenne, ni spécialement américaine. Une position
avantageuse, justement, pour écrire, dit-elle, de manière impartiale.
book in English: winner take all
Source
Jeuneafrique.com : Dambisa Moyo
Dambisa
Moyo on 'Winner Take All: China's race for resources and
what it means for us ( english)
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