Mesdames
et Messieurs les journalistes,
Alors
que le samedi 18 août 2012, le siège du FPI a été pillé et le Dr. Douati
Alphonse a été interpellé par les FRCI et incarcéré aussitôt à la MACA, voici
que une semaine plus tard, soit le dimanche 26 août, le Secrétaire Général et
Porte-parole du FPI, notre camarade Laurent Akoun a subi le même sort entre
Adzopé et Akoupé où il effectuait une mission.
Où sommes-nous
? Où allons-nous ? Que faire ? Ces trois questions appellent de notre part,
trois réponses.
I-
Le contexte politique
II-
Ce qui se passe dépasse l’entendement
III-
Que faire pour enrayer la dictature RDR ?
I- Le contexte
politique
Après
la prise du pouvoir de M. Ouattara, le FPI s’est inscrit dans la voie d’une
opposition responsable et républicaine. C’est dans cette perspective que le FPI
prend des positions claires et argumentées sur la situation sociopolitique du
pays, ce qui n’est pas du goût du parti au pouvoir. C’est pourquoi, le FPI est
entré dans l’œil du cyclone RDR.
Depuis,
le FPI est quasiment interdit d’activités sous peine de livrer ses militants et
dirigeants à une mort certaine. Ses meetings sont réprimés dans le sang. Le
président Alassane Ouattara, ne décolère pas, en raison de ce qu’il appelle
"l’arrogance de ses dirigeants". Plus de 16 mois de gouvernance dans
la haine, l’intolérance, sans dialogue. Pas le moindre véritable signe
d’apaisement de sa part.
Bien
au contraire les récentes attaques de camps militaires (Akouedo, Abengourou, du
04 au 06 août 2012), et postes tenus par les FRCI par des individus encagoulés,
va servir de prétexte à une escalade de violences, enlèvements et
emprisonnements des dirigeants du FPI de la base au sommet.
Les prétextes du pouvoir à une escalade de violences
Les
agressions commises contre les positions des FRCI et dont certaines se sont
soldées par des morts, ont ipso facto été attribuées au Front Populaire
Ivoirien, le jour même de leur déroulement sans enquête, et sans l’ombre d’une
preuve.
«
ce sont des miliciens pro-Gbagbo appuyés de certains éléments des ex FDS qui
sont réfugiés au Ghana » a d’emblée affirmé, l’un des Sécurocrates du régime, le
ministre d’Etat, Ahmed Bakayoko.
Mais,
la question qu’il aurait fallu poser sereinement, en prenant en compte tous les
paramètres de la situation politique actuelle et non regarder précipitamment
dans une seule direction, est de savoir à qui profitent les crimes ?
Le
Front Populaire Ivoirien, principal parti d’opposition qui a perdu le pouvoir
et qui ne cache pas sa volonté de le reconquérir, est à priori le bouc
émissaire idéal. Mais il faut bien se demander si le FPI a intérêt à perpétrer
ces agressions dans le contexte actuel ? Et à qui peuvent véritablement
profiter ces crimes ?
A qui profitent
ces crimes ?
Pour
répondre à cette question il est bon de rappeler les évènements qui se sont
déroulés ces trois derniers mois, juin, juillet, août. Le contexte politique
est focalisé sur l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges contre
le président Laurent Gbagbo en détention à la Haye. Cette audience était fixée
au 18 juin. Les regards et l’attention politique sont rivés vers la CPI. Les
militants et dirigeants du FPI sont concentrés sur ce dossier pour donner
toutes les chances à la libération de leur leader.
Il
va se trouver que du 02 au 08 juin 2012 soit deux semaines avant cette
audience, capitale pour le FPI et qui n’a donc aucun intérêt à faire accréditer
par l’opinion internationale, l’image de violence dont la CPI affuble le
président Gbagbo, trois évènements vont se produire pour secouer le marigot
politique ivoirien, brouiller les cartes et incriminer le FPI.
1- Le samedi 02 juin 2012, l’ex
procureur de la CPI, Ocampo arrive en Côte d’Ivoire. Sommé par les instances
supérieures qui actionnent la CPI, Ocampo après sa récente lettre de
félicitation au chef de la rébellion Soro Guillaume, s’est vu obligé
d’auditionner son "ami" pendant deux heures sur les crimes commis de
2002 à 2011, par les Forces Armées des forces Nouvelles (FAFN). Cela parce que la
juge Fernandez De Gurmendi de la CPI aurait donné un avis dissident et menacé
de démissionner si le procureur s’obstinait à enquêter uniquement sur les
crimes commis par le seul camp Gbagbo.
Cet
interrogatoire n’a pas été comme on peut s’en douter, du goût de M. Guillaume
Soro qui n’entend pas faire seul les frais de la rébellion sans ses
commanditaires. De ce fait il se tient depuis sur ses gardes ; lui et ses
com-zones qui, s’ils devraient être transférés à la Haye, vendraient chers
leurs peaux. Il y avait comme une situation délétère dans l’air, faite de
tension entre les deux clans alliés d’hier, Soro et Ouattara. Le second nommé
ayant lui-même déjà pris en charge, par précaution, le portefeuille de la
défense.
2- C’est dans ce climat tendu
que s’opèrent à Lomé l’arrestation le 05 juin et l’extradition du ministre Lida
Kouassi Moïse accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat. Le FPI est aussitôt voué
aux gémonies.
3- Le 08 juin dans la foulée
sept (07) casques bleus de l’ONUCI trouvent la mort dans une embuscade à
l’ouest. C’est encore le FPI que le pouvoir a accusé d’avoir commis ces crimes
par ses prétendus milices.
Le Front
Populaire Ivoirien avait-il intérêt à poser de tels actes ? Dans quel but ? Surtout la veille de
l’audience du Président Gbagbo, pour l’accabler davantage, voir les charges
contre lui confirmées et le maintenir dans les liens de la détention ? La
réponse à cette question est assurément NON.
A
qui profitent donc ces crimes ?
Au
cours de la conférence de presse organisée pour se prononcer sur cette sombre
affaire qui pue manifestement la manipulation, le FPI on s’en souvient, avait
déclaré ce qui suit le 15 juin 2012, à propos du prétendu coup d’Etat déjoué.
Après
la dernière visite controversée du procureur Ocampo qui a révélé ses accointances
avec le pouvoir et face à la quasi-certitude grandissante conduisant à la très
probable libération de Laurent Gbagbo en raison de la faiblesse des preuves
contre lui, M. Alassane Ouattara sentant l’étau se resserrer autour de lui a
décidé de monter au créneau.
Objectif
:
1° charger à fond Laurent
Gbagbo la veille de son procès en le faisant passer pour "un
criminel" qui refuse de se repentir en continuant de semer la mort en Côte
d’Ivoire.
2° Réduire au silence les
partisans de Laurent Gbagbo.
3° Dresser l’ONUCI contre le
FPI
La
méthode utilisée est celle que M. Ouattara et ses alliés ont déjà utilisée
durant la crise postélectorale.
D’abord
la diabolisation de Laurent Gbagbo et ses partisans par les ONG et les médias
aux ordres.
Ensuite
l’exécution de la phase du crime de sang imputé à Laurent Gbagbo et ses
partisans. A Abobo pendant la crise les images des femmes prétendument
assassinées par Gbagbo ont été brandies dans les médias. Cette fois ce sont des
casques bleus qui ont été sacrifiés à la mise en scène de M. Ouattara à
l’Ouest.
Troisième
et dernière phase, l’extermination des pro-Gbagbo qui a déjà commencé à l’Ouest
et qu’on envisage de poursuivre avec la dissolution du FPI et sa décapitation
programmée, tout cela sans en aucun moment, pendant la crise comme aujourd’hui
aucune enquête sérieuse et crédible n’ait été mise en œuvre.
Nous
sommes aujourd’hui à cette à cette phase, que le FPI avait vu venir deux mois
plus tôt. L’audience de Laurent Gbagbo avait été reportée au 13 août une
semaine avant cette audience, le 04 août des crimes sont commis dans des
casernes et commissariats de police. Le FPI est aussitôt de nouveau accusé.
Plus grave il est cette fois criminalisé par des proches de Soro Guillaume qui
l’assimile à une organisation terroriste et invite l’Etat ivoirien, le peuple
ivoirien et la communauté internationale à se mettre ensemble pour éradiquer le
fléau FPI. Un véritable appel au meurtre.
C’est
le même scénario qui est utilisé sauf que cette fois la thèse de l’accusation
facile du FPI se révèle très peu crédible pour nombre d’observateurs de la vie
politique ivoirienne.
C’est
d’abord l’hebdomadaire Jeune Afrique qu’on ne peut soupçonner d’être pro
Gbagbo, qui contredit le gouvernement ivoirien.
Selon
plusieurs sources militaires de haut rang, les assaillants étaient au nombre
d’une centaine, vêtus en treillis ou en civils et circulant à bord d’une
dizaine de pick-up. Ils ont fait irruption simultanément aux entrées principale
et annexe de la caserne aux environs de 3 heures 30 GMT, lundi matin. Dès son
entrée, le commando a abattu les cinq sentinelles en faction au poste de
contrôle.
«
C’est curieux, les assaillants semblaient connaître le secteur. Ils n’ont pas
emporté les armes plus lourdes qui étaient stockées, notamment les obus de mortiers.
Ils se sont contentés des Kalachnilovs comme s’ils voulaient délivrer un
message », commente une source haut placée, proche du ministère délégué à la
Défense.
Après
son forfait, durant lequel il n’a rencontré presque aucune opposition, le
commando prend tranquillement l’axe Abidjan-Bingerville et s’évapore dans la
nature. C’est seulement à 5 heures du matin que les hommes de la garde
républicaine du commandant en second, Issiaka Wattara, alias « Wattao »,
arrivent sur le terrain. Mais les agresseurs sont déjà loin. Et le ratissage
intensif de la zone ne donne rien.
Dans
la matinée, plusieurs autres unités des anciens chefs de guerre de
l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), aujourd’hui intégrés au sein de
l’armée nationale, rallient la caserne d’Akouédo. Le fait est que la Côte
d’Ivoire qui n’a véritablement pas une armée nationale digne de ce nom,
fonctionne depuis seize (16) mois avec un système sécuritaire qui repose
essentiellement sur les 3000 à 4000 ex-rebelles membres des FRCI (qui sont sur le
papier 55 000 hommes), ainsi que sur environ 40 000 dozos, chasseurs
traditionnels venus du Nord, et sur quelque 110 000 supplétifs non encore
démobilisés ni désarmés.
Pour les milieux diplomatiques d’Abidjan,
c’est d’ailleurs de ce côté qu’il faut chercher. « L’attaque ressemble bien à
une action de supplétifs FRCI qui n’ont toujours pas été pris en compte par le
pouvoir. C’est une sorte de signal qu’ils donnent au gouvernement pour
accélérer la réforme du système de sécurité et de l’armée (RSSA), en panne
depuis plusieurs mois », affirme un diplomate européen.
Autre
détail troublant : « les assaillants ont bénéficié de complicités internes au
camp, confie Paul Koffi Koffi à Jeune Afrique.
Toute
la vérité est contenue dans cet agencement de faits et de questions. Guillaume
Soro pourtant président de l’Assemblée nationale, donc loin de l’exécutif
affirme sur son "twiter" avoir été informé de l’attaque du camp
d’Akouedo au moment où elle s’est produite autour de trois (03) heures du
matin. Et c’est seulement à cinq (05) heures du matin que l’un de ses ex
com-zones Wattao arrive sur le terrain. Mais les agresseurs sont déjà loin
.
Pourquoi avoir attendu deux (02) heures avant d’intervenir ? Le temps que les
agresseurs se servent tranquillement en armes et disparaissent dans la nature ?
Qui
a intérêt à avoir la main mise sur le système de défense, dont il avait été
écarté, alors que la CPI envisage sérieusement son transfert, lui et ses hommes
à la Haye ?
Qui
a intérêt à mettre en difficulté le régime pour empêcher son transfèrement ?
Qui a intérêt à donner des signaux forts au
clan Ouattara pour le dissuader de s’engager dans cette voie qui serait
suicidaire pour le régime ?
Qui veut se payer une impunité en conduisant
tous les sécurocrates du régime à lui faire allégeance dans la conduite de la
défense nationale ?
Qui s’organise déjà pour prendre et exercer le
pouvoir d’Etat en 2020 ? Si ce n’est maintenant ? La réponse à tout ce
questionnement nous conduit au cœur de l’imbroglio politique ivoirien.
L’acharnement
de certains lieutenants à criminaliser le FPI procède sans aucun doute de cette
réalité-là. La meilleure défense étant l’attaque. La criminalisation du FPI est
une diversion machiavélique qui, tout en conduisant à l’affaiblissement du FPI
par sa décapitation, ouvre la voie à l’assouvissement de noirs desseins
présidentiels que l’on tente maladroitement de masquer. Mais cela ne se fera
pas sur la dépouille du Front Populaire Ivoirien.
Le
FPI dénoncera toutes les perfidies d’où qu’elles viennent pour reconquérir le
pouvoir d’Etat par la voie des urnes, et nul ne peut en détourner ses militants
et dirigeants. C’est pourquoi il importe à présent de prendre à témoin
l’opinion nationale et internationale sur les méthodes mafieuses utilisées pour
réduire le FPI au silence.
II- Ce qui se
passe dépasse l’entendement
En
étudiant de façon rétrospective la facilité avec laquelle les FRCI et dozo ont
investi les domiciles des militants LMP entre avril et juin 2011, nous nous
sommes rendu compte que plusieurs mois avant la crise post-électorale, le camp
Ouattara avait identifié et fiché soigneusement tous les pro-Gbagbo. Jusqu’à
aujourd’hui, c’est cette cartographie établie de sang froid qui sert de guide
au RDR dans sa politique de « dératisation politique » du pays par «
l’éradication » du FPI. De Touleupleu à Bondoukou en passant par Duékoué,
Daloa, Abidjan-Yopougon, Dabou, Adzopé, Agboville, Grand-Lahou, San-Pedro,
Soubré, Divo, Lakota, Sinfra, Gagnoa, Madinani, etc, les enlèvements et autres
exactions se comptent par centaines. Au cours de ces opérations qui défraient la
chronique et meublent les rapports de nombre d’organisations de défense des
droits de l’homme, les actes posés sont invariablement les mêmes : bastonnades,
extorsions de biens et d’argent, tortures pour arracher des aveux destinés à
accréditer la thèse du complot FPI contre Ouattara, ou à obliger les pro-Gbagbo
ou LMP à démissionner du FPI, procédures judiciaires expéditives assorties de
chefs d’accusation farfelues.
Comme
on voit, les faits n’ont pas démenti les prédictions de la communauté
internationale selon lesquelles le régime Ouattara risque sa crédibilité s’il
se place dans une logique répressive vis-à-vis de son Opposition. Ce n’est pas
tout. Les dozo et FRCI utilisent d’autres procédés tels que la profanation de
sépultures, la taxation des travaux agricoles et des veillées funèbres ainsi
que l’atteinte à la pudeur.
A
titre illustratif et concernant ce dernier chapitre, signalons qu’« à Gabiagui,
[localité située à 40 km de San-Pédro], pour obliger un chef Gouro, taxé de
pro-Gbagbo, et qui avait pris la fuite, à se rendre, des FRCI ont mis sa fille,
mariée à une autorité de la ville, nue, sur la place publique. Ce n’est que
quand le père s’est rendu qu’elle a été autorisée à se rhabiller. Peu de temps
après, des individus ont approché la famille du chef pour obtenir sa libération
contre une rançon de 1 million de CFA. Saisie de l’affaire, l’ONUCI aurait
entendu la fille. Aux dernières nouvelles, le chef aurait été déporté à
Abidjan. Ce qui n’a pas empêché les FRCI de traquer les gens de sa tribu qui,
pour beaucoup, ont décidé de regagner leurs zones d’origine » (LG Infos, N°228
du 27 août 2012, p. 2).
Bilan provisoire ou conséquences de ces
traitements inhumains et dégradants : plus d’un millier de militants LMP
croupissent dans les geôles et autres camps de torture du régime ; plus de 200
tués, près de 3000 déplacés internes, hommes, femmes et enfants en cette
période de rentrée scolaire et universitaire. Autrement dit, et pour
paraphraser la CNDHCI, la situation sécuritaire a empiré depuis le 11 avril
2011, au lieu de s’améliorer. A qui la faute ? Assurément pas celle du Front
Populaire Ivoirien. Ces pratiques ne sont ni de sa nature encore moins de ses
méthodes
Le
FPI, n’en déplaise à ses adversaires, n’est pas un parti violent. Il est le
premier parti à avoir clairement décliné son identité dans son projet de
société: « Fonder une Nation Africaine démocratique et Socialiste en Côte
d’Ivoire », paru aux Editions L’Harmattan en 1997. Source d’information pour
nos adversaires qui veulent nous juger et nous combattre comme pour nos
militants qui entendent comprendre pour avancer ; source d’inspiration pour
inventer de nouveaux langages et de nouvelles pratiques ; et source de
réflexion en termes de critique, d’auto-critique et d’amélioration, notre projet
de société dit très clairement que le FPI a opté pour le socialisme
démocratique. Cette voie lui impose un choix tout aussi clair en matière
d’identité culturelle, de gouvernance politique, de conception de la Nation, de
coopération internationale.
Le
socialisme démocratique est la doctrine qui exclut la violence comme moyen
d’accès au pouvoir d’Etat ; c’est la doctrine qui estime suffisantes les
réformes économiques, c’est la doctrine des modérés contre la doctrine des
radicaux du début du XXè siècle. Le socialisme démocratique nous apparaît comme
l’essence même du socialisme sous toutes ses formes : un excellent outil
d’analyse et de gestion stratégique étant donné le contexte que traversent nos
sociétés pluriethniques, pluriraciales et pluriconfessionnelles. Le socialisme
démocratique est une révolution culturelle, une révolution symbolique
c’est-à-dire, sans les kalachs que l’on brandit pour prendre ou conserver le
pouvoir d’Etat.
Monsieur
Ouattara qui a bénéficié de nombreux soutiens extérieurs dans son combat contre
ce qu’on nomme la politique d’exclusion ivoiritaires, pratique aujourd’hui ce
qu’il a combattu hier. En effet, il avoue que les privilèges qu’il accorde aux
Nordistes constituent « un simple rattrapage.. Sous Gbagbo, les communautés du
Nord, soit 40 % de la population, étaient exclues des postes de responsabilité.
S'agissant des hauts cadres de l'armée, j'ai eu à négocier avec les officiers
des ex-Forces Nouvelles [FN, ancienne rébellion nordiste], qui voulaient tous
les postes. Et j'ai réussi à imposer cet équilibre dans la hiérarchie
militaire, jusqu'au niveau de commandement : le n°1 issu des FN, flanqué d'un
n°2 venu de l'ancienne armée régulière. Tous grades confondus, il y a 12 % de
Nordistes dans la police, 15 % dans la gendarmerie et 40 % environ dans
l'armée... Sur ce terrain-là, on ne peut rien me reprocher ».
C’est
donc au nom de cette épuration politico-ethnique, que l’Administration
ivoirienne, l’Armée, la Police, la Douane, le Trésor Public, l’Economie, etc..,
appartiennent exclusivement aux pro-Ouattara. C’est au nom du rattrapage que
des centaines de milliers d’Ivoiriens ont été licenciés des entreprises
publiques et parapubliques, au profit du camp des vainqueurs. C’est au nom de
ce même principe d’exclusion que l’appareil judiciaire est devenu une justice
des vainqueurs ; c’est cette volonté hégémonique qui explique et justifie le
caractère quasi monolithique et monoethnique de l’Assemblée Nationale, avec une
majorité confortable RDR issue du Nord, une région qui représente à peine 26%
de la population nationale ; c’est au nom de ce rattrapage que plus de 300
journalistes présumés pro-Gbagbo ont été licenciés au profit de dizaines de
pro-Ouattara qui font de la RTI une tribune à voix unique, provoquant un recul
spectaculaire en matière de pluralité d’opinion ; c’est au nom de ce rattrapage
que récemment 200 wê ont été massacrés dans leur camp de réfugiés à Nahibly ;
c’est au nom du rattrapage ethnique que la confrérie dozo, une communauté de
chasseurs traditionnels issus du Nord, a été intégrés dans l’armée Nationale,
en violation de la Constitution.
C’est
au nom du rattrapage ethnique que le Président de la République, Chef de
l’Etat, continue de présider aux destinées du RDR, son parti, en violation de
la même loi fondamentale. C’est au nom du rattrapage ethnique que, malgré les
conclusions de la Commission Nationale d’Enquête (CNE) accusant les FRCI
d’avoir perpétré plus de 726 exécutions sommaires entre mai et décembre 2011,
bénéficient toujours d’une impunité de la part du gouvernement Ouattara. C’est
enfin au nom du rattrapage et de la politique d’épuration ethnique que l’on
crée aujourd’hui une police universitaire, là où, du temps de parti unique, en
contexte de Guerre-Froide, Félix Houphouët-Boigny n’a pas osé créer une police
PDCI-RDA à l’Université d’Abidjan.
Le
FPI a compris, tout compris. Et c’est pourquoi il se tourne vers ceux qui
peuvent l’écouter et prendre en compte son soupir de douleur et d’indignation.
III-
Que faire pour enrayer la dictature du
RDR ?
Le
FPI, conscient de son devoir devant l’histoire et l’Afrique est demandeur du
dialogue et lance un appel pressant aux décideurs internationaux qui jusqu’ici
n’ont ménagé aucun effort pour faire de la Côte d’Ivoire une démocratie
exemplaire après Laurent Gbagbo présenté comme un dictateur, afin qu’ils
œuvrent aux meilleurs conditions d’un retour à une vie politique normale. Je
pense au Conseil de Sécurité de l’ONU, à l’Union Africaine, à l’Union
Européenne, aux USA, à la France, à la Grande-Bretagne, au Canada, à la Chine
et à la Russie. Je pense à l’UNESCO, à l’OIF, à l’UNICEF, à la Banque Mondiale,
au FMI et à l’UNDPA. J’en appel à leur sens de la justice et de solidarité aux
côtés des opprimés, l’ONU étant un héritage des consciences indignées par les
horreurs de la Deuxième Guerre Mondiale. Je pense, au plan interne, aux forces
politiques qui un moment donné, ont cru que le RDR d’Alassane Ouattara était
capable de mettre en pratique son programme « vivre ensemble », aux leaders
religieux, musulmans et chrétiens, dont les fidèles traversent la plus grande
tragédie de l’histoire de la Côte d’Ivoire indépendante. Je pense à la société
civile, notamment les organisations de défense des droits de l’homme : la Côte
d’Ivoire brûle et il urge qu’on éloigne le péril dont la CDVR indique, à
raison, qu’il guette la Nation.
Conclusion
M.
Alassane Ouattara est devenu un problème pour la Côte d’Ivoire, les Ivoiriens
et la sous-région Ouest-africaine. A coups de propagande, il a été trop tôt
considéré comme un leader policé et un démocrate-né. Il est aujourd’hui au pied
du mur, montrant le contraire de ce qui a été dit, ressassé sur lui au cours
des 20 dernières années. En effet, le démocrate présumé ne veut pas
d’Opposition, d’où le harcèlement des dirigeants du FPI, des journalistes, des
Intellectuels LMP ; d’où la confiscation des libertés démocratiques à travers
la répression des meetings du FPI. Peuvent en témoigner l’ONU, les USA, la
France.. Voici d’ailleurs la liste des droits fondamentaux violés à longueur de
journées par le régime Ouattara :
-
violation des droits économiques ;
-
violation des libertés publiques ;
-
violation du droit à l’intégrité physique et morale ;
-
atteinte à la vie et aux symboles ;
-
violation des droits sociaux.
A
plusieurs reprises, il a été demandé à M. Ouattara de se défaire des dozo, une
armée issue de sa communauté ethnique de référence, il ne le peut pas parce
qu’il ne maîtrise pas aujourd’hui les hommes qui l’ont aidé à prendre le
pouvoir en avril 2011. Pour justifier son échec, il est obligé d’incriminer le
FPI pourtant fragilisé et donc sans armes matérielles mais qui dispose d’armes
symboliques redoutables telle que la force et la pertinence de ses arguments
politiques. C’est sur la base de cette armada symbolique que nous disons,
demain, nous reviendrons au pouvoir, sachant qu’en cas d’élections
transparentes et équitables, nous battrons le RHDP à plate couture. En effet,
la vague de répression a eu depuis, des conséquences sur la vie de pro-Gbagbo
certes, mais aussi sur les pro-Ouattara et des milliers de personnes neutres
qui se rendent compte qu’en fait, « Gbagbo valait mieux » : "Gbagbo ka
fissa".
Le
FPI n’est pas un parti violent ; le parti violent qui entend cacher sa vraie
nature, c’est bien le RDR. Ce dernier est de plus en plus démasqué ; cela le
pousse à poser des actes désespérés : situation de fin de course ou de fin de
carrière ? En tous les c’est le "Bori bana"
Mesdames
et messieurs,
Avant
de clore mon propos vous me permettrez de remercier très sincèrement, au nom du
FPI, la police de l’ONUCI qui a accepté de sécuriser nos rencontres pour
empêcher les agressions dont nous sommes l’objet.
Merci
à tous pour votre aimable attention.
Fait
à Abidjan, le 30 août 2012
Le
Président par intérim du FPI
MIAKA
Ouretto
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