Par Marcel Dezogno
Le verdict de l’audience du 30 octobre 2012 à
la Haye, continue de se faire entendre, comme un astrophysicien qui fait le
pied de grue devant son télescope, pour scruter le passage d’une constellation
d’étoiles. Cette attente, qui donne lieu à toutes les supputations et
commentaires, n’est pas faite pour apaiser les esprits de tous ceux qui
souhaitent que le cas Gbagbo soit traité avec diligence. Estimant que le
dossier Gbagbo a été suffisamment bêché, tourné et retourné comme une terre
arable, pour que le verdict à rendre soit encore à la traîne et ne soit pas
traité avec beaucoup de célérité. Mais Florent
Parmentier, spécialiste en Sciences politique, qui croit savoir les raisons
profondes de ce repli des juges de la Cpi,
affirme que ceux-ci font face plus à d’autres réalités incontournables, que ne
le pensent beaucoup de chroniqueurs.
Florent Parmentier a percé le secret du silence
de la Cpi
Pour s’être introduit dans les méandres
juridictionnels et les tractations sur le sort à réserver au célèbre
pensionnaire du pénitencier de Scheveningen, l’analyste avance plutôt les
relents que redoutent les juges, sur un climat politique déjà délétère, que
pourrait entraîner une décision mal goupillée. A l’en croire, des débats
contradictoires confondent les juges entre eux, sur la bonne décision à
prendre, en plus des raisons sur la popularité et le réseau relationnel de M.
Gbagbo, qu’a fait prévaloir la juge Silvia Fernández de Gurmendi, pour rejeter,
le 19 juillet 2012, la requête de la Défense demandant une mise en liberté
provisoire de son client.
"Le collège des juges est sous la
tourmente de la bonne suite à donner, au regard de la pertinence de l’exposé
des motifs de la demande de liberté provisoire, fait par de la Défense le 30
octobre dernier. Selon nos informations, une majorité des juges redoutent des
remous sociopolitiques dans les deux cas de figure. C’est-à-dire que si la
liberté est accordée à M. Gbagbo, dans ces circonstances de tensions
politico-militaires, cela pourrait sérieusement affecter le régime de M.
Ouattara, dans sa légitimité et dans sa marge de manoeuvre. En revanche, si M.
Gbagbo est maintenu en détention, au-delà des espérances de mise en liberté
exprimées par ses partisans, cela pourrait aussi attiser et cristalliser
davantage les appétits déstabilisateurs de ses proches, qui visiblement ne se
le cachent aucunement. Cette équation à plusieurs variables met les juges dans
une mauvaise posture, quant à la bonne attitude à tenir, face à ce dossier
judicaire épineux, qui engage l’avenir de toute une Nation et même de la
réconciliation, tant évoquée dans les milieux politiques ivoiriens", a
indiqué le politologue Parmentier, au cours d’un entretien accordé à la radio
Bbc.
Il n’a pas manqué de relever que l’argumentaire
de la juge Fernández de Gurmendi, selon lequel, les assurances de M. Gbagbo de
"coopérer" et son "respect" vis-à-vis de la Cour de même
que son "engagement" à comparaître devant la Chambre à tout moment ne
sont pas en soi suffisantes pour accorder une mise en liberté provisoire, n’est
que la partie dévoilée d’un casse-tête chinois que constitue le procès du
prévenu. Suite auquel, la Cpi elle-même se donnera ou pas, les chances et les
moyens de sa propre survie, à défaut d’être tout simplement émoussée. Les juges
de la Cpi sont suffisamment imprégnés de la complexité et du caractère ultra
sensible du verdict à rendre, qui en la matière, déconseille un faux pas.
Source : abidjandirect.net
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