Wednesday, 4 July 2012

Mamadou Koulibaly décortique le PPTE


par ANASSE Anassé

La Côte d'Ivoire a été déclarée éligible, le 26 juin dernier, au point d'achèvement, ultime étape de l'initiative Pays pauvres très endettés (PPTE). Avec l'obtention de ce point d'achèvement, la Côte d'Ivoire bénéficie d'une annulation du tiers de sa dette extérieure (près de 2500 milliards de FCFA sur environ 6500 milliards de FCFA) par les bailleurs de fonds (FMI, Banque Mondiale, BAD,etc). Le journal l'Inter a interrogé Mamadou Koulibaly, Président d'Audace Institut Afrique, pour éclairer les Ivoiriens sur l'impact de cet allègement sur l'économie du pays.

Que gagne effectivement la Côte d'Ivoire en termes de ressources financières additionnelles?

Le stock d’aide extérieure est diminué de 2500 milliards de FCFA. C’est l’aboutissement d’un programme qui date de 1996. Ceci peut redonner un peu d’espoir aux populations de voir une partie des promesses du gouvernement enfin se réaliser.

Les enterprises

Pour les entreprises, l’allègement de la dette va, nous l’espérons, permettre à l’Etat de régler les arriérées de sa dette intérieure car actuellement de nombreuses entreprises privées sont dans l’attente des remboursements alors qu’elles sont écrasées par l’impôt. L’entreprise devrait pourtant être le moteur de la croissance mais l’Etat les étouffe et le chômage augmente.

Les populations

Les populations, quant-à elles vont peut-être percevoir un peu de progrès dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la sécurité. Les autorités vont peut-être engager les réformes nécessaires dans ces domaines et investir enfin au profit des pauvres qui pour l’instant sont abandonnés dans un pays où la vie est de plus en plus chère et où l’insécurité freine tout.

La gestion des finances

Autre espoir, les exigences de la Banque mondiale, du FMI et des autres bailleurs de fonds contraignent l’Etat ivoirien à une meilleure gestion : la gestion des finances publiques doit être plus claire ; le système éducatif doit être amélioré ; le gouvernement se doit de publier périodiquement les chiffres de l’évolution de la dette ; une transparence est exigée sur les revenus miniers et pétroliers ; le secteur du cacao doit être réformé et les taxes pesant les producteurs doivent diminuer. Le document de stratégie de sortie de la pauvreté impose une stabilité macro-économique. Si réellement l’Etat ivoirien s’engage sur cette voie, ce serait une bonne chose pour tous et nous souhaitons que les bailleurs de fonds veillent à cela sans complaisance. S’ils ne le faisaient pas, avec tout le bruit qui a été fait autour de ce PPTE , les populations savent désormais ce qu’elles sont en droit d’attendre et resteront vigilantes. Elles viennent de gagner un droit de regard sur la gestion de l’Etat et c’est une bonne chose. Elles sont en droit désormais, plus que jamais, d’exiger des comptes aux gouvernants.

Dambisa Moyo : vive la Chinafrique ! (Winner Take All)


PAR    MICHAEL PAURON

Dambisa Moyo - 43 ans 
Dans son troisième livre, (Vive la Chinafrique / Winner Take All) l'intellectuelle zambienne Dambisa Moyo s'en prend à quelques idées reçues sur l'insatiable appétit de la Chine en Afrique.

À 43 ans, la pétulante économiste Dambisa Moyo n'en est pas à son coup d'essai. En 2009, son premier livre, L'Aide fatale, avait enflammé la presse et les intellectuels : elle accusait l'aide au développement d'aggraver la situation en Afrique plutôt que de l'améliorer, et prônait, à la place, une politique libérale. Était-ce une réminiscence de son passage à la Banque mondiale ? Malgré la bronca de certaines ONG, son ouvrage a été salué : elle donnait un coup de pied dans la fourmilière. Le président rwandais, Paul Kagamé, séduit pas les thèses qu'elle y défendait, l'aurait même offert à ses collaborateurs.

Sunday, 1 July 2012

Le PPTE : entre illusion et arnaque


Par Mohamed SYLLA, juriste

Depuis l'annonce de l'atteinte par la Côte d'Ivoire du point achèvement de l'initiative PPTE, (Pays pauvres Très Endettés), le constat est que de nombreuses interrogations se présentent. Beaucoup d’Ivoiriens ne comprennent pas ce que représente ce programme PPTE et ce qu’il implique concrètement pour leur pays et pour eux-mêmes.

LE PPTE EST-IL UNE ANNULATION DE LA DETTE?

Non. C'est vrai que la communication gouvernementale officielle le laisse penser. Mais c'est un abus de langage. Selon le FMI, notre "annulation de dette" porte sur  un total de 7,7 milliards de dollars, dont 3,1 milliards pour le PPTE au sens strict du terme et 1,3 milliards pour les agences multilatérales liées au FMI, à la Banque Mondiale et à la BAD et enfin 3,3 milliards pour des États créanciers dits du Club de Paris.

Alors peut-on penser sérieusement que ces créanciers vont faire cadeaux d'autant d'argent à la Côte d'Ivoire? Surement pas surtout en période de crise.