Texte original de Blofouê
Fernand revisité par abidjanpasnet - Titre: abidjanapasnet
Alors que le président de
la République passait la semaine à New York, produisant un discours qui
assurait que «tout va bien au pays d’Houphouët-Boigny», un reportage de Christophe Hondelatte
sur 13ème
rue et son «passeport pour le
crime à Abidjan» est venu, en 52 minutes, mettre à mal cette thèse et nous
rappeler à une dure réalité.
Abidjan
la violente, et la Côte d’Ivoire en panne
Drogues, fumoirs, police
sans moyens, meurtres, sacrifices, «brouteurs», Wattao faisant le show. Christophe Hondelatte se rend en prison, et constate la
promiscuité extrême qui règne entre les murs. Il est reçu avec tous les
honneurs par le Commandant Wattao,
ex-seigneur de guerre réintégré dans la police. Un colosse à la réputation
sulfureuse : l’homme roule en Ferrari et ne se sépare jamais de son pistolet
plaqué or.
On l’appelait la perle de l’Afrique. C’était une capitale
florissante, avec ses gratte-ciels, sa bourgeoisie d’affaires et ses quartiers
colorés. Abidjan : 7 millions d’habitants, et une richesse que le monde entier
s’arrache : le cacao. Une guerre civile et quelques milliers de morts plus
tard, Abidjan n’est que l’ombre d’elle-même. Une mégapole rongée par la
corruption et gangrénée par la violence… la Saleté, la misère autant de réalités à ne pas mettre
un «blofouê» dehors.
[…] La prostitution s’étale
partout et Christophe Hondelatte prend la mesure des violences sexuelles qui
frappent la société ivoirienne. À l’école par exemple, les viols sont monnaie
courante, même au collège. Difficile de briser la loi du silence, et pourtant,
chose rare, Christophe Hondelatte assistera à l’arrestation et au procès d’un
directeur d’école violeur.
Le sang coule , le long de
la lagune, et les ivoiriens ont une spécialité, qui résiste aux criminologues :
les meurtres rituels. La magie noire fait des ravages, et Christophe Hondelatte en est le témoin. Il y a cet
enfant, éviscéré par son assassin, qui pour éloigner le mauvais œil a aussi bu
son sang. […]
Des réalités qui mettent en
exergue l’écart abyssal entre le bas et le haut de la pyramide. Abidjan la
violente, et la Côte d’Ivoire en panne, incapables de panser leurs plaies. Les
communicants repasseront avec leurs slogans et éléments de langage virtuels.
Les ivoiriens ont les dirigeants qu’ils méritent ?
On a l’habitude de dire que
l’on a les dirigeants que l’on mérite. Il suffit de faire le bilan sur le cycle
des 20 ans que l’on «fêtera» en décembre prochain. Les Ivoiriens savent-ils
faire autre chose ? A lire les journaux, toutes tendances confondues, à lire
les compte-rendu du gouvernement et des réunions des différents partis
politiques, les sujets d’actualité seraient : l’avenir du Pdci, les guerres fratricides Fpi/LIDER, les 19 ans du Rdr, le
devenir de Banny, de la Cdvr, qui sortira et qui entrera à La Haye, le niveau
de Kandia
et l’avenir des «jeunes» : Soro, Bakayoko et Billon.
Au passage, on observera
que nous sommes toujours fâchés avec les textes et la loi, ceux des appels
d’offre, ceux du renouvellement des instances consulaires et professionnelles,
ceux de la limite d’âge, du foncier etc., la parole n’engageant que celui qui
la reçoit. Bref rien que des sujets de «personnes» et de «pouvoir»! … Intriguant
non?
Et le peuple, et les
institutions, et l’emploi, et le mirage annoncé et la Nation ivoirienne? Or les
attentes et les priorités sont ailleurs. Tenaces et concrètes. Mesurables. Les
présidents passent, les populations trépassent. Depuis 20 ans, une poignée de
politiciens a pris en otage vingt millions de personnes pour l’un des plus
grands hold-up démocratique de l’histoire africaine.
Cote d’Ivoire: Rien n’a changé tous est juste pire
Le bilan? Rien n’a changé,
tout juste se battent-ils pour se réclamer du «Père Fondateur», sans savoir
exprimer ce qu’est l’Houphouëtisme qui leur a permis d’exister. Quels sont les
«3R» : Reconnaissance, Résilience, Renaissance ? Seule la volonté de changement
exprimée au premier tour des élections nationales était à respecter. On dit
quoi? On va où là?
Le seul record du monde dont on puisse se
vanter, parmi tous ceux que nous collectionnons dans les pires positions
mondiales: le dopage des chiffres, l’absence de projet de société, la
reconduite des mauvaises habitudes, l’incompétence et le racket à tous les
étages, la «c’est pour nous-attitude» n’est finalement qu’une pratique que
l’équipe au pouvoir et son entourage, se repasse tous les 5 ou 10 ans, c’est
selon.
Rien ne saurait changer si
le peuple ne prenait conscience qu’il n’y a pas de messie à attendre mais un
projet de société avec des équipes qui mettent l’intérêt général et une
politique de développement en priorité. Au-delà de la théorie du 3ème homme, et
face au piège politique dans lequel se trouve le président, la colère est
froide, silencieuse, et monte chaque jour. Les entourages incarnent le mensonge
et la tromperie. «Tout ça pour ça»!
Le mensonge de l’émergence
La seule constante touche
aux scandales et aux amalgames grossiers. Les populations le savent, les cadres
le savent, les médias, les chancelleries aussi.
L’émergence était une promesse de campagne, elle ne tient
pas et on ne peut impunément faire semblant de travailler pendant que son
peuple se meure. L’offre politique est à reconstruire, le bruit et les
bavardages ne marchent plus. La réconciliation c’est d’abord le bon sens, le
courage, le pardon, la vérité et surtout le dialogue. L’impunité et la justice
à deux vitesses ne peuvent perdurer.
Les politiciens ne peuvent
faire obstacle à la mémoire et à l’avenir d’un pays. On ne peut faire comme si
rien ne s’était passé. Lamentable spectacle irresponsable. Ce n’est pas un pont ou des libertés provisoires qui vont «blaguer» les
gens, encore moins les invectives d’opposants à chaises vides et à têtes
chercheuses. Le chômage touche plus de 50% de la population active, n’en
déplaise aux faussaires. Le cumul des mandats et des mandants ne peut se
justifier. L’exception est désormais
d’identifier un ministre non Pdg ou actionnaire indirect de plusieurs sociétés
profitant de «l’émergente émergence».
Quel exemple et comment s’étonner des
conséquences ? De quelle Côte d’Ivoire parle-t-on ? Une et indivisible ? Celle
qui doit juste faire mieux que l’équipe d’avant ou celle qui doit reprendre sa
place internationale, continentale et régionale ? Celle de Wattao ou celle du
«vieux» Usher ? Quels codes, quels repères, quelles valeurs ? Celle qui donne
l’exemple ou celle qui n’inspire toujours pas confiance ? Qui, de ces acteurs,
aurait osé cela du temps d’Houphouët ? Ce reportage est catastrophique pour
notre image qui n’en avait besoin. Les
avions et les hôtels sont pleins mais où sont les investissements et les
projets quand les opérateurs fuient aux premiers contacts devant
l’inconsistance des interlocuteurs ?
Peut-être que ces images,
qui ne manqueront pas d’arroser les réseaux sociaux, seront salvatrices, comme
le furent celles d’«Envoyé spécial» sur la politique du groupe Sifca. Le pouvoir est transmis par les urnes avec la
promesse de nous respecter et de faire mieux que le précédent, mieux pour les
Ivoiriens, pas pour l’entourage, la famille, les neveux, mais pour les
Ivoiriens. Les «biens mal acquis» et l’enrichissement sur la misère des autres
ne sont plus au programme. Les priorités sont connues : emploi, santé,
éducation, justice, sécurité.
L’endormissement des
consciences ne fonctionne plus. Ce reportage n’est que le juste rappel de la
réalité quotidienne à Abidjan. Un pauvre sans emploi, sans éducation, ne
pouvant se payer autre chose que du crack et des illusions, un pauvre ne
pouvant se payer un avocat et allant à la Maca. S’il a de la chance «Le
chinois» le gérera. Côte d’Ivoire, yako!
Il est grand temps de se
mettre au travail, de bavarder moins et de faire plus. Il est temps de redonner
un sens à notre devise : Union, Discipline, Travail. Hondelatte, circulez il n’y a rien à
voir!
Source:
L’intellignet d’abidjan , connectionivoirienne.net
et capatv.com
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