Tuesday, 4 January 2011

Mon sentiment sur le conflit ivoirien

Par Victory Toussaint, collaborateur à San Finna, hebdomadaire du Burkina Faso



Depuis ce matin 03/01/20111, passe en boucle dans les médias internationaux, une proposition des plus hérissantes au sujet de la sortie de crise en RCI. A la faveur de la venue de trois chefs d’Etat de la CEDEAO et du premier Ministre kenyan Raila Odinga en RCI, l’offre suivante a été faite au président Gbagbo : accepter de céder le pouvoir à Ouattara en contrepartie d’une impunité et de compensations financières dont il pourrait jouir dans un paradis américain ou autre. Mon sang n’a fait qu’un tour et je me dis que, décidément, la crise ivoirienne est un multi-révélateur. Elle montre que la Justice est tombée en quenouille, qu’elle s’est abâtardie, récupérée par les forts du moment qui en font une administration au gré de leurs intérêts, à la tête du client.

A quel titre, au nom de quel Droit, de quelle Justice, peut-on octroyer l’impunité à quelqu’un qu’on estime coupable de crimes par destination imprescriptibles en raison de leur inhumanité ? Des crimes dont on a confié la compétence à des juridictions internationales ?


Pourtant, les USA, la France…, s’engagent (alors qu’ils reprochent à Laurent Gbagbo et à son « clan » comme ils disent, des crimes de ces catégories) à lui promettent l’impunité !C’est à vous fracasser la tête contre un mur d’acier !

Autre révélateur ! On savait que les colonisateurs français avaient une idée peu valorisante pour le Noir, quand ils disaient « y a bon Banania », qu’ils se fendaient en certification sur sa bonté, son innocuité, ils ont toujours pensé « Vous savez, ces gens-là, c’est le farniente ; ils n’en foutent peut-être pas une rame mais ils ne sont pas méchants pour un sou. Ils ne viendraient pas comme l’Arabe, le sourire aux lèvres et vous planter un couteau dans le dos ! ».

Nous sommes, pour eux, 50 ans après la Colonisation, restés de grands enfants dont on peut endormir la vigilance par de petites gâteries, des pacotilles de toujours. Qu’un Sarkozy ait cette opinion, rien d’étonnant au fond puisque l’homme du reste ne s’est pas gêné pour dire que les Africains n’étaient pas suffisamment rentrés dans l’Histoire mais que cela soit le sentiment d’un Barack Obama, c’est à vous mettre une balle dans la tête ! Il y a là comme la manifestation d’une erreur sur la personne. On a du mal à se convaincre que c’est cet homme en qui on avait tant de foi, pour lequel on aurait consenti bien de sacrifices parce qu’il apparaissait comme le messager de Dieu pour réhabiliter à jamais le Noir, qui ravale ses frères au niveau où l’ont toujours placé les Colons et autres esclavagistes. Quand il fait savoir, d’un air condescendant, à Laurent Gbagbo, qu’ il l’invite à Washington sous sa protection pour discuter avec lui des garanties qu’il entend lui accorder pour son départ, qu’est-ce qu’il croit ? Que parce qu’il est Barack Obama, président des USA, il peut ainsi s’asseoir sur la dignité d’un Africain ? 

Quand il promet avec ses autres Pairs occidentaux, que Laurent Gbagbo sera dispensé de la Cour pénale internationale et bénéficiera de compensations financières substantielles s’il accepte de quitter le pouvoir, qu’est-ce qu’il s’imagine ? Que l’Africain n’est que l’Etalon dans lequel l’esclavagiste voyait le Mal absolu contre la pureté de sa race, l’être vil qui, pour une corruption bien soutenue, trahirait Père et Mère ? C’est dingue quand on voit que cela vient de quelqu’un dans les veines duquel coule le sang noir ! J’en suis malade et je cherche en vain comment faire éclater ma rage pace que je sais qu’elle sera partagée ; partagée par les femmes et les hommes de bien de par le monde mais aussi par les Africains qui n’ont pas renié la Mère-patrie.

Mais heureusement que cette crise ivoirienne nous révèle aussi d’autres valeurs, celles de l’Afrique positive des êtres humains distinguant le Bien du Mal.

Sur cette terre, continent premier, un petit pays se retrouve aujourd’hui au centre du monde, la Côte d’Ivoire. Avec à sa tête, un leader, qui depuis Samory Touré, n’a pas autant lutté pour la dignité du continent et de l’homme noir. Un homme qui, au-delà de toutes références raciale, idéologique, se trouve être celui qui défend, au prix de sa vie, la primauté du Droit pour que les sociétés humaines ne sombrent pas dans le chaos où les entraînent les mafias qui ont conquis les pouvoirs économique, médiatique et politique jusqu’au niveau mondial !

Laurent Gbagbo, cet homme, qu’un politique au Burkina Faso, Me Hermann Yaméogo pour ne pas le citer, a comparé à Lumumba, à Nkrumah, à Nasser et qui, pour cela, a reçu la foudre sur lui avec une déstabilisation historique de son parti au pays des hommes intègres, le Burkina Faso ; Laurent Gbagbo qu’un Me Jacques Verges aujourd’hui, situe précisément dans la grande lignée des hommes africains ! Cet homme, cerné de toutes parts par la « communauté internationale » mais qui, fort de son allégeance au Droit, demande tout simplement qu’avant de faire tomber le glaive sur lui, on vienne effectuer la plus élémentaire des vérifications : le recomptage des voix des électeurs, l’évaluation du processus électoral. 

Quand ont sait que depuis que l’homme s’est organisé en société sous l’empire du Droit dans un litige, la Vérification, l’Enquête, la Reconstitution des faits, ont toujours été les chemins obligés pour parvenir à la Vérité judiciaire, on se convainc que si on les refuse à Laurent Gbagbo, c’est qu’on a QUELQUE CHOSE A CACHER ! C’est qu’on a des complicités, des commanditaires, plus que des auteurs principaux à protéger. Si tel n’était pas le cas, s’il n’y avait pas ici un Crime en bande organisée, on aurait accepté ces demandes avec empressement comme hier on l’a fait dans le litige qui a opposé Al Gore à Bush, et aujourd’hui au sortir des élections en Haïti. On l’aurait accepté avant de privilégier la guerre, cette guerre dont on ne s’y résout, en temps normal, en pays civilisé et respectueux du Droit, qu’après avoir épuisé toutes les voies de règlement pacifique du litige !

Voilà le miracle aussi de cette crise qui fait qu’on peut ne pas aimer Laurent Gbagbo, ne pas être Ivoirien ni Africain mais se sentir Ivoirien et proche de Laurent Gbagbo comme le 11 Septembre, on l’a été des Américains et de Georges Bush !

J’en appelle à ceux qui croient en Dieu, le Dieu unique, qu’il s’origine de la Bible, du Coran ou de la Thora. J’en appelle à tous ceux qui aient eu eux, chevillés au corps, la démarcation entre la Vérité et le Mensonge ; j’en appelle aux Justes qui, au plus sombre du désespoir, de la lâcheté des hommes, ont su s’enrôler pour le Bien, pour la Justice, afin qu’ils dénoncent l’imposture historique qui veut se servir de la Côte d’Ivoire pour asservir la Vérité.

Victory Toussaint, collaborateur à San Finna, hebdomadaire du Burkina Faso,



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