Par Yves De Séry
Mamadou Koulibaly au lancement de son parti le lider
Koulibaly Mamadou le président théorique de l’actuelle législature a tenu le week-end dernier, le premier congrès de Liberté et démocratie pour la République (Lider) la formation politique qu’il a officiellement lancée le 11 juillet 2011 après avoir démissionné bruyamment du Front populaire ivoirien, le parti qui l’a révélé aux Ivoiriens et partant, au monde entier. C’était à la bourse du travail de Treichville devant une foule clairsemée d’anonymes. Il y a un an, personne n’aurait accepté de prendre le pari d’une mobilisation aussi famélique s’agissant de Mamadou Koulibaly, tant l’homme jouissait d’un capital de sympathie assez confortable auprès des Ivoiriens en général et des militants de gauche en particulier. Et quatre mois après la création de son parti, si le président de l’Assemblée Nationale, voulait se faire une idée de son poids politique en Côte d’Ivoire, il a la réponse depuis samedi dernier. Pour les observateurs avertis de la scène politique nationale, de même qu’une chienne ne peut donner vie à bouc, de même la démarche politique de Koulibaly ne pouvait qu’aboutir à pareil résultat. En toute logique. Voici un homme qui avait tout pour se forger victorieusement un destin national mais qui au finish s’est brûlé les ailes à l’image d’Icare, l’aigle mythique qui voulut toucher le soleil.
Sorti, au début des années 90, de la besace d’un certain Laurent Gbagbo, alors secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), le jeune et brillant enseignant de la faculté des sciences économiques de l’université de Cocody gravira rapidement les échelons au sein de la maison ‘’bleue et blanc’’ pour se retrouver dans le cercle restreint des décideurs du parti. Une ascension fulgurante qui n’a pas manqué en son temps de créer des frustrations au sein des militants de la première heure. Mais couvé par le couple Gbagbo auquel les militants du FPI vouent une grande dévotion, le jeune universitaire échappera pendant plus de deux décennies aux fléchettes empoisonnées de ses nouveaux camarades. Koulibaly lui-même ne manquait aucune occasion de marquer des points aux yeux des militants. Comme le coup de l’essai intitulé ‘’la guerre de la France contre la Côte d’Ivoire’’ qu’il sort au lendemain de l’éclatement de la rébellion du 19 septembre 2002, pour dénoncer courageusement l’implication de Paris dans cette attaque contre le régime de Laurent Gbagbo. Quand on ajoute à cela la porte claquée, en 2003, à Marcoussis pour dire niet aux comploteurs et sa gestion politique de la crise de novembre 2004 avec l’armée française, on a le profil du leader dont rêve les militants du FPI pour succéder au grand chef qu’est Laurent Gbagbo. Mais au fil des années, le bijou Koulibaly prendra progressivement la rouille, au contact des propres incohérences du chef du parlement ivoirien. Tenez, alors qu’en 2005, l’homme s’est battu (?) aux côtés des jeunes patriotes pour maintenir l’Assemblée nationale, c’est le même qui de l’avis de Mme Marthe Ago, la 1ère vice-présidente de l’institution qu’il dirige, travaillera tout au long de la législature à sa dissolution de fait. Plus déroutant encore, c’est le même homme qui au lendemain des bombardements de l’armée française sur la résidence du président Laurent Gbagbo a clamé, ô surprise, que ce n’est pas la France qui nous a, ni envoyés ni fait la guerre. Mais le député de Koumassi n’est pas à sa première bizarrerie. L’on se souvient comment il a pratiquement jeté aux chiens, sans fondement, feu le ministre Désiré Tagro dans l’affaire du recrutement à l’école de police qui se ferait sur une base tribale. L’enquête diligentée à l’époque avait par la suite donné tort à Koulibaly qui, imbu de sa personne, n’avait pas daigné faire ses excuses à son camarade. L’on a également en mémoire son attitude non moins intrigante dans la gestion de la rumeur selon laquelle Laurent Gbagbo aurait eu des relations intimes avec sa fille. Son long silence observé sur le sujet, pendant que la presse proche de l’opposition se déchaînait sur le chef de l’Etat, avait déjà fait penser à plus d’un que Koulibaly avait bien un agenda secret qu’il attendait de dérouler le moment venu. Il choisira donc l’occasion de l’arrestation de Gbagbo pour lancer une OPA (offre publique d’achat) sur le FPI, se présentant comme l’homme de la situation. La glose généreuse, il tente de convaincre les militants que la libération du célèbre prisonnier de Korhogo n’est pas une priorité e qu’il fallait plutôt que le FPI accepte de changer de nom et demande pardon aux Ivoiriens pour tout ce qui est arrivé. Indignés par ce qu’ils nomment comme une trahison, les militants lui opposent un niet retentissant. Ne pouvant supporter cette humiliation, Koulibaly part créer LIDER et retourne ainsi dans l’anonymat d’où Laurent Gbagbo l’avait sorti en 1990, après avoir dilapidé tout son capital sympathie. Tel est désormais Mamadou Koulibaly, un homme qui a vécu politiquement en Côte d’Ivoire.
1er congrès ordinaire de LIDER : Mamadou Koulibaly à la recherche d’un second souffle politique
Par Simplice Zahui
Porté sur les fonts baptismaux le 14 juillet 2011, Liberté et Démocratie pour la République (Lider), le parti de Mamadou Koulibaly, a tenu le samedi 12 novembre 2011, son premier congrès à la Bourse du Travail de Treichville. Seul candidat en lice pour la présidence du parti, le fondateur de Lider a été plébiscité par les congressistes. C’est donc dans ses nouveaux habits de président de Lider que Mamadou Koulibaly a pris la parole pour relever les enjeux qui attendent son parti sur le terrain politique en Côte d’Ivoire. Pour le président de l’Assemblée nationale, la création de Liberté et démocratie pour la Côte d’Ivoire (Lider) s’explique par un constat. Celui de l’échec de la mission des hommes politiques en Côte d’Ivoire, au cours de ces deux dernières décennies. Il pense donc que les politiciens n’ont pu jouer le rôle qui était le leur dans la vie de la Nation. Il s’agira donc pour lui, de repenser la question de la gestion du pouvoir d’Etat. « Nous préférons le régime parlementaire au régime présidentiel, parce que le régime parlementaire renforce la souveraineté du peuple en maintenant le chef de l’Exécutif dans un rôle de serviteur du peuple comptable devant le Parlement. Or le régime de type présidentialiste est un régime politique favorisant la régionalisation et la tribalisation de la vie politique du fait que le Président de la République a l’exclusivité de toutes les nominations aux hautes fonctions administratives, civiles et militaires » a expliqué l’orateur du jour. Poursuivant, il a dénoncé l’insécurité généralisée sur l’ensemble du territoire du fait de la prolifération injustifiée des armes. Sur la question du foncier rural, Koulibaly a promis, une fois au pouvoir, revoir la question de la terre, qui est selon lui, est un sujet sensible : « Il faut nécessairement garantir la sécurité alimentaire de la Côte d’Ivoire dans les décennies à venir par une gestion moins polémique des terres et donc par une politique foncière sécurisante.» En ce qui concerne le processus de réconciliation nationale, le président de Lider a émis des réserves quant à l’indépendance de la commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR). « Nous estimons que certains responsables de la CDVR ont une part de responsabilité dans la situation que vit la Côte d’Ivoire. », a soutenu le président de Lider non sans citer Charles Konan Banny qui, selon lui a été le seul Premier ministre sous le régime Gbagbo qui a vainement tenté de dissoudre l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Aussi, Koulibaly estime-t-il que tous ceux qui ont pris part à la vie politique de la Nation avant la crise postélectorale, méritent d’être entendus dans le cadre du processus de réconciliation.
Rappelons que LIDER a présenté huit candidats aux prochaines législatives. Toutefois, a prévenu Mamadou Koulibaly, « si l’environnement sécuritaire ne nous donne pas la garantie que tout se passera bien, nous nous retirerons de la course à ces législatives ».
Repères perdus
Par Joseph Marat
Dans les méandres de l’oubli collectif, celui qui, il n’y a pas longtemps, incarnait l’espoir de toute une génération des aficionados de la politique, vient de se rappeler à notre souvenir en organisant le week-end dernier le premier congrès de son nouveau parti, LIDER. A l’occasion, beaucoup de choses ont été dites, qui confortent dans l’idée que nous avons eu tort de penser que Mamadou Koulibaly pouvait avoir un destin national au regard de ce qui le caractérise comme inconstance.
Premièrement, Mamadou Koulibaly aurait dit devant les membres de son parti, qu’on l’a chassé du FPI. Il faut être irresponsable pour avouer devant ceux qui vous suivent pour vos idées, que vous-même, vous n’avez pas eu le courage de partir d’un parti dont les idées ne correspondaient plus aux vôtres. Il a fallu qu’on vous chasse. Même si c’était le cas, il est incongru de le dire à ses militants. Deuxièmement, Mamadou Koulibaly qui est parti du FPI en accablant Laurent Gbagbo et en saluant pratiquement le soutien de l’intervention française à Ouattara dans la crise ivoirienne, aurait changé son fusil d’épaule ou aurait élargi son champ de chasse. Il aurait rué dans les brancards contre Ouattara et son réconciliateur Charles Konan Banny, de même que la communauté internationale pour que la Cpi commence ses enquêtes depuis le coup d’état de 1999 qu’il a attribué à Ouattara et Guéi. Oui on comprend que cela ferait de la place pour un certain Mamadou Koulibaly qui n’aurait pratiquement pas d’adversaire en face.
Le clair-obscur de Léonard de Vinci est très bon dans les œuvres picturales. Mais en politique, vouloir une chose et son contraire ne paie pas. Vous ne pouvez pas valider un système en créant un parti politique et en vous apprêtant à participer aux élections qu’il organise et le dénoncer dans le même temps. C’est ne plus avoir de repères et se donner un destin de feuille morte.
No comments:
Post a Comment