Par
Sepe Dzake
«
Je suis surpris par cette arrestation », déclare l’ex-Premier ministre togolais
Joseph Kokou Koffigoh, à propos de Moïse
Lida Kouassi, l’ancien ministre de la défense de l’ancien Président Laurent
Gbagbo. Le regard perdu, Me Koffigoh, un proche de l’ex président ivoirien et
donc ami de plusieurs officiels FPI réfugiés au Togo est choqué par cette
arrestation qui selon lui va jeter l’épouvante parmi les réfugiés qui ont cru
fermement à « l’asile et la protection »
accordés par le pouvoir de Faure Gnassingbé.
«
Il s’agit d’une violation des instruments internationaux en matière de
protection des réfugiés politiques », a déclaré à MO5-Togo.com l’ex Premier ministre de la Transition. « Cet
homme [M. Moïse Lida Kouassi] a été attaqué à Abidjan par les FRCI (les
ex-rebelles des Forces Nouvelles), braqué, ses biens emportés et lui-même
envoyé sur un terrain nu alors qu’on lui
mettait un pistolet à la tempe. Par un hasard de la providence, on n’a pas
appuyé sur la gâchette avant qu’il ne prenne la fuite dans des conditions
rocambolesques avec sa famille. C’est dans ces conditions que le pouvoir
togolais leur a accordé l’asile. Il est incompréhensible de leur refuser
aujourd’hui la protection qu’on a accordée à une famille en danger », s’est indigné Me Koffigoh, qui était
observateur pour l’Union Africaine (UA) pendant la présidentielle ivoirienne.
L’ancien
ministre d’Etat ivoirien, Moïse Lida Kouassi,
a été interpellé ce mercredi matin dans des conditions spectaculaires ;
plus de 20 motards et des véhicules
d’intervention de la gendarmerie ont procédé à cette arrestation qui relève
plus de la mise en scène. La gendarmerie
togolaise a fait une perquisition emportant téléphones portables et des
ordinateurs.
Cette
arrestation intervient au moment où Ouattara séjourne à Lomé et à quelques
jours de l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges retenues
contre Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale de la Haye, aux Pays Bas.
Alassane
Ouattara en difficulté
M.
Kouassi ferait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Ce qui laisse pantois
les observateurs de la scène togolaise puisque l’ancien ministre de la défense
est présent à Lomé depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo. « Pas à ma
connaissance », dit Me Koffigoh et « même
dans ce cas, nous lui avons déjà accordé notre protection », précise
l’homme politique par ailleurs juriste.
Un
autre cadre de l’ex pouvoir d’Abidjan aurait été interpellé brièvement ce matin
à Accra : Konaté Navigué, le président en exil de la jeunesse du Front
populaire ivoirien (FPI), était dans les nasses de la police ghanéenne pour un
contrôle de routine sur son véhicule immatriculé en Côte d’ivoire, dit-on.
Ces
coups d’éclats à l’instigation du nouveau régime d’Abidjan interviennent 13 mois après la chute de Laurent Gbagbo,
alors que la pression ne cesse de s’accroitre sur les ex-dirigeants du FPI. Le
Procureur sortant de la CPI, Luis Moreno Ocampo, vient de déclarer, de manière
surprenante, en introduisant des critères discriminants dans les violations des
droits de l’homme, que « les crimes les plus graves ont été commis par le camp
Gbagbo » pendant la crise ivoirienne. Une accusation jugée « partiale et
partisane » par les supporters de Gbagbo. Les arrestations pourraient traduire
en effet une certaine frilosité de la part du
pouvoir d’Alassane Ouattara, inquiet du retour au pouvoir du FPI d’une manière ou d’une
autre. 13 mois après la chute de Laurent Gbagbo, l’insécurité règne toujours
dans le pays.
Le président Ouattara lui-même serait gardé par des soldats
burkinabés prêtés par son ami Blaise Compaoré et des soldats français de la
force Licorne. Personne ne connaît encore qu’elle sera l’attitude du nouveau
patron de l’Elysée.
Et
Guillaume Soro, soutien indéfectible de
Ouattara, par peur, peut-être, de la CPI est beaucoup présent au Nord du pays
que dans la capitale ivoirienne. Les comzones, ces fameux commandants de zone,
qui ont trempé dans les massacres de la rébellion, tiennent le haut du pavé,
leur toute-puissance restant intacte.
Les
législatives boycottées par le FPI ont
été émaillées de quelques violences avec mort d’hommes entre partisans du RDR d’Alassane Ouattara et du
PDCI de Konan Bédié, alliés pendant la présidentielle dans le Rassemblement des
Houphouétistes contre Laurent Gbagbo.
Malgré le ‘partage du pouvoir’, aujourd’hui, le PDCI lève sérieusement le ton
contre « le rattrapage ethnique » opéré par le gouvernement d’Alassane Ouattara
en nommant des nordistes à des postes importants de l’administration. Des nominations ethniques voire
ethnocentriques justifiées par les proches du Président intronisé par les
Forces françaises de la Licorne sous bannière de l’ONU.
La
politique de réconciliation menée par Ouattara a du plomb dans l’aile. Une
Commission de réconciliation nationale dirigée par l’ex- Premier ministre Konan
Banny demeure controversée. Elle ne rassemble que les anti-Ouattara qui jettent
souvent l’anathème sur les sympathisants et militants du FPI.
«
Il s’agit d’un pouvoir en difficulté. Un dialogue a été proclamé mais le
dialogue ne se décrète pas. Un dialogue se passe entre deux parties, à
l’occurrence avec ses adversaires. Or ces derniers sont mis en prison ou
pourchassés. Dans ce cas, il ne s’agit plus d’un dialogue mais d’un règlement
de compte », a expliqué Me Koffigoh. « J’estime que le Togo ne doit pas se
prêter à ce jeu de règlement de compte du pouvoir ivoirien. Nous avons des milliers de ressortissants togolais en Côte
d’Ivoire et le souci du pouvoir togolais doit rester l’obligation de protéger
nos concitoyens là-bas », a encore ajouté le Premier ministre Joseph Koffigoh.
Ce faisant, le gouvernement togolais intervient indirectement dans les affaires
intérieures d’un Etat voisin, en venant
au secours d’un gouvernement mis en difficulté par son opposition.
source : www.mo5-togo.com
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