Thursday, 7 June 2012

Arrestation de Moïse Lida Kouassi au Togo : Me Joseph Kokou Koffigoh indigné accuse le pouvoir togolais de violer les instruments internationaux de protection des réfugiés politiques


Par Sepe Dzake   
 
« Je suis surpris par cette arrestation », déclare l’ex-Premier ministre togolais Joseph Kokou Koffigoh,  à propos de Moïse Lida Kouassi, l’ancien ministre de la défense de l’ancien Président Laurent Gbagbo. Le regard perdu, Me Koffigoh, un proche de l’ex président ivoirien et donc ami de plusieurs officiels FPI réfugiés au Togo est choqué par cette arrestation qui selon lui va jeter l’épouvante parmi les réfugiés qui ont cru fermement à « l’asile  et la protection » accordés par le pouvoir de Faure Gnassingbé.


« Il s’agit d’une violation des instruments internationaux en matière de protection des réfugiés politiques », a déclaré à MO5-Togo.com  l’ex Premier ministre de la Transition. « Cet homme [M. Moïse Lida Kouassi] a été attaqué à Abidjan par les FRCI (les ex-rebelles des Forces Nouvelles), braqué, ses biens emportés et lui-même envoyé sur un  terrain nu alors qu’on lui mettait un pistolet à la tempe. Par un hasard de la providence, on n’a pas appuyé sur la gâchette avant qu’il ne prenne la fuite dans des conditions rocambolesques avec sa famille. C’est dans ces conditions que le pouvoir togolais leur a accordé l’asile. Il est incompréhensible de leur refuser aujourd’hui la protection qu’on a accordée à une famille en danger »,  s’est indigné Me Koffigoh, qui était observateur pour l’Union Africaine (UA) pendant la présidentielle ivoirienne.

L’ancien ministre d’Etat ivoirien, Moïse Lida Kouassi,  a été interpellé ce mercredi matin dans des conditions spectaculaires ; plus de 20 motards  et des véhicules d’intervention de la gendarmerie ont procédé à cette arrestation qui relève plus de la mise en scène. La gendarmerie  togolaise a fait une perquisition emportant téléphones portables et des ordinateurs.

Cette arrestation intervient au moment où Ouattara séjourne à Lomé et à quelques jours de l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges retenues contre Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale de la Haye, aux Pays Bas.

Alassane Ouattara en difficulté

M. Kouassi ferait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Ce qui laisse pantois les observateurs de la scène togolaise puisque l’ancien ministre de la défense est présent à Lomé depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo. « Pas à ma connaissance », dit Me Koffigoh et « même  dans ce cas, nous lui avons déjà accordé notre protection », précise l’homme politique par ailleurs juriste.

Un autre cadre de l’ex pouvoir d’Abidjan aurait été interpellé brièvement ce matin à Accra : Konaté Navigué, le président en exil de la jeunesse du Front populaire ivoirien (FPI), était dans les nasses de la police ghanéenne pour un contrôle de routine sur son véhicule immatriculé en Côte d’ivoire, dit-on.

Ces coups d’éclats à l’instigation du nouveau régime d’Abidjan interviennent  13 mois après la chute de Laurent Gbagbo, alors que la pression ne cesse de s’accroitre sur les ex-dirigeants du FPI. Le Procureur sortant de la CPI, Luis Moreno Ocampo, vient de déclarer, de manière surprenante, en introduisant des critères discriminants dans les violations des droits de l’homme, que « les crimes les plus graves ont été commis par le camp Gbagbo » pendant la crise ivoirienne. Une accusation jugée « partiale et partisane » par les supporters de Gbagbo. Les arrestations pourraient traduire en effet une certaine frilosité de la part du  pouvoir d’Alassane Ouattara, inquiet du retour  au pouvoir du FPI d’une manière ou d’une autre. 13 mois après la chute de Laurent Gbagbo, l’insécurité règne toujours dans le pays. 

Le président Ouattara lui-même serait gardé par des soldats burkinabés prêtés par son ami Blaise Compaoré et des soldats français de la force Licorne. Personne ne connaît encore qu’elle sera l’attitude du nouveau patron de l’Elysée.

Et Guillaume Soro,  soutien indéfectible de Ouattara, par peur, peut-être, de la CPI est beaucoup présent au Nord du pays que dans la capitale ivoirienne. Les comzones, ces fameux commandants de zone, qui ont trempé dans les massacres de la rébellion, tiennent le haut du pavé, leur toute-puissance restant intacte.

Les législatives boycottées par le FPI  ont été émaillées de quelques violences avec mort d’hommes entre  partisans du RDR d’Alassane Ouattara et du PDCI de Konan Bédié, alliés pendant la présidentielle dans le Rassemblement des Houphouétistes  contre Laurent Gbagbo. Malgré le ‘partage du pouvoir’, aujourd’hui, le PDCI lève sérieusement le ton contre « le rattrapage ethnique » opéré par le gouvernement d’Alassane Ouattara en nommant des nordistes à des postes importants de l’administration.  Des nominations ethniques voire ethnocentriques justifiées par les proches du Président intronisé par les Forces françaises de la Licorne sous bannière de l’ONU.

La politique de réconciliation menée par Ouattara a du plomb dans l’aile. Une Commission de réconciliation nationale dirigée par l’ex- Premier ministre Konan Banny demeure controversée. Elle ne rassemble que les anti-Ouattara qui jettent souvent l’anathème sur les sympathisants et militants du FPI.

« Il s’agit d’un pouvoir en difficulté. Un dialogue a été proclamé mais le dialogue ne se décrète pas. Un dialogue se passe entre deux parties, à l’occurrence avec ses adversaires. Or ces derniers sont mis en prison ou pourchassés. Dans ce cas, il ne s’agit plus d’un dialogue mais d’un règlement de compte », a expliqué Me Koffigoh. « J’estime que le Togo ne doit pas se prêter à ce jeu de règlement de compte du pouvoir ivoirien. Nous avons des  milliers de ressortissants togolais en Côte d’Ivoire et le souci du pouvoir togolais doit rester l’obligation de protéger nos concitoyens là-bas », a encore ajouté le Premier ministre Joseph Koffigoh. Ce faisant, le gouvernement togolais intervient indirectement dans les affaires intérieures d’un Etat voisin,  en venant au secours d’un gouvernement mis en difficulté par son opposition.

source :  www.mo5-togo.com 

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