Par
L’Intelligent d’Abidjan avec moibrahimfoundation.org
la Foundation |
L’édition
2012 de l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique(IIAG) confirme la
tendance générale à l’amélioration de la gouvernance sur le continent africain,
mais laisse percevoir quelques évolutions préoccupantes chez certaines grandes
puissances régionales.
Dans
la sixième édition de l’IIAG, publiée aujourd’hui, la Côte d’Ivoire se classe
au dernier rang des16 pays d’Afrique de l’Ouest et 46ème des 52 pays du
continent.
Performance de la Côte
d’Ivoire dans l’IIAG 2012
- La Côte d’Ivoire enregistre un score de 39 (sur 100) pour la gouvernance globale.
- La Côte d’Ivoire enregistre un score inférieur à la moyenne régionale de l’Afrique de l’Ouest (52).
- La Côte d’Ivoire enregistre un score inférieur de la moyenne continentale (51).
- La Côte d’Ivoire enregistre son score le plus élevé dans la catégorie Développement humain (47) et son score le plus faible dans la catégorie Participation et droits de l’homme (32).
- Au niveau des sous-catégories, la Côte d’Ivoire obtient son meilleur classement (17e) en Infrastructures et son moins bon en Parité (49e).
- Le score global de la Côte d’Ivoire s’est amélioré entre 2000 et 2011.
- Scores de la Côte d’Ivoire par catégorie et sous-catégorie
Performance de l’Afrique de
l’Ouest dans l’IIAG 2012
Dramane Ouattara : plus doué
pour la guerre que l'économie
|
Au
sein des cinq régions du continent, l’Afrique de l’Ouest occupe la 3e place
pour la qualité globale de la gouvernance et dans la catégorie Développement
économique durable. L’Afrique de l’Ouest réalise de meilleurs résultats dans
les catégories Sécurité et Souveraineté du droit et Participation et droits de
l’homme où elle figure cette fois à la 2e place et enregistre des scores
supérieurs à la moyenne du continent.
C’est
dans la catégorie Développement humain que l’Afrique de l’Ouest enregistre les
scores les plus bas, terminant à la 4e place du classement des cinq régions.
L’Afrique de l’Ouest détient des scores inférieurs à la moyenne du continent
dans près de la moitié des sous-catégories de l’IIAG. Cependant, la région
détient les meilleurs scores dans les sous-catégories Participation et Droits.
Résultats d’ensemble
Le
sixième Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) publié aujourd’hui,
confirme la tendance générale à l’amélioration du niveau global de gouvernance
en Afrique depuis 2000. Au cours des dernières années, pour le continent pris
dans son ensemble, 11 des 14 sous-catégories de l’IIAG ont enregistré une
amélioration. Les sous-catégories Santé, Secteur agricole et Parité ont
enregistré les améliorations les plus fortes, avec une progression de tous leurs
indicateurs depuis 2000. Sur les 88 indicateurs qui composent l’IIAG, les
améliorations les plus notables concernent les 7 suivants : Tensions
transfrontalières, Conventions internationales fondamentales relatives aux
droits de l’homme, Législation contre les violences faites aux femmes, Ratio
recettes budgétaires/ dépenses budgétaires, Couverture numérique et Traitement
antirétroviral.
Évolution défavorable de
certaines puissances régionales africaines
Toutefois,
si la gouvernance s’améliore de manière continue dans de nombreux pays, les
progrès accomplis depuis 2006 semblent marquer le pas pour quelques-unes des
grandes puissances du continent (Afrique du Sud, Egypte, Nigéria et Kenya). Au
cours des six dernières années, ces quatre pays ont enregistré une baisse de
leur performance dans deux des quatre catégories principales de l’IIAG :
Sécurité et souveraineté du droit et Participation et droits de l’homme. Pour
chacun de ces quatre pays, le plus important recul a été observé dans la
sous-catégorie Participation, qui évalue le degré de participation des citoyens
au processus politique. L’Afrique du Sud et le Kenya enregistrent en outre des
signes de régression dans la catégorie Développement économique durable.
Quant
au Nigéria, locomotive de l’Afrique de l’Ouest, il chute pour la première fois
cette année dans le peloton de queue des dix pays les moins performants du
continent. Pour Abdoulie Janneh,
ancien secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour
l’Afrique et membre du conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim : «
Compte tenu de la richesse des ressources naturelles et humaines de ces quatre
puissances régionales, ces résultats sont préoccupants. Chacun de ces pays joue
un rôle clé dans le paysage économique et politique du continent. Pour
continuer à jouer ce rôle de manière optimale, ils doivent s’engager
durablement en faveur d’une gouvernance équilibrée et équitable.»
Des tendances régionales
contrastées
Si
les performances de gouvernance de l’Afrique de l’Ouest, Centrale et Australe
continuent de progresser, celles de l’Afrique du Nord et de l’Est ont régressé.
Dans la catégorie Développement économique durable, l’Afrique de l’Ouest
devance désormais l’Afrique de l’Est, aujourd’hui tirée vers le bas par la contre-performance
de deux de ses piliers, le Kenya et l’Ouganda.
Importance del’«équilibre» en
matière de gouvernance
De
manière générale depuis 2006, c’est dans les catégories Développement
économique durable et Développement humain, pour lesquelles l’ensemble des
sous-catégories a progressé, que les meilleures performances au niveau
continental ont été enregistrées. Parallèlement, les catégories Sécurité et
souveraineté du droit et Participation et droits de l’homme marquent une
régression, principalement sous l’effet du déclin de trois sous-catégories :
Souveraineté du droit, Sécurité individuelle et Droits. Ce déséquilibre entre
les performances obtenues dans chacune des quatre catégories principales de
l’IIAG apparaissait déjà clairement dans les deux précédentes éditions de
l’IIAG, et notamment de façon flagrante pour l’Égypte, la Libye et la Tunisie.
Cette tendance, qui traverse l’ensemble du continent africain, demeure
préoccupante. Sur les six dernières années, presque la moitié des pays du
continent (21 sur 52) ont vu s’accroître le déséquilibre entre leurs
performances dans chacune de ces quatre catégories.
L’IIAG 2012 montre que cinq des six pays où ce
déséquilibre est le plus marqué se situent en Afrique du Nord : Algérie,
Égypte, Libye, Maroc et Tunisie. De fait, l’Afrique du Nord est non seulement
la région où les déséquilibres sont les plus marqués, mais également celle qui
a enregistré le plus important recul en termes de gouvernance globale depuis
2006. En outre, à la différence des quatre autres régions, l’Afrique du Nord
est la seule où les sous-catégories Sécurité nationale, Gestion publique et
Infrastructures se sont dégradées. Pour Mo Ibrahim, président de la Fondation
Mo Ibrahim : « Les Objectifs du Millénaire pour le Développement ont contribué
à améliorer les performances des 52 pays d’Afrique dans la catégorie
Développement humain depuis 2000. Il est essentiel désormais, à l’occasion des
travaux en cours sur la définition des prochains OMD, de veiller à progresser
de façon équivalente dans l’ensemble des biens et services que tout citoyen du
21ème siècle est en droit d’attendre et que tout gouvernement a le devoir de
fournir. »
Des améliorations générales
en matière de parité, même si l’Afrique de l’Ouest demeure à la traîne.
Dans
toutes les régions, le score le plus élevé dans la catégorie Participation et
droits de l’homme est enregistré dans la sous-catégorie Parité, à l’exception
notable de l’Afrique de l’Ouest, qui réalise là au contraire son score de
sous-catégorie le plus faible. L’Afrique de l’Ouest prend du retard sur cet
aspect essentiel de la gouvernance. Pour Mary Robinson, ancienne présidente de
l’Irlande et membre du conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim : «
La parité est une question de gouvernance fondamentale. Ce n’est pas uniquement
une question de droits de l’homme. Les femmes africaines ont une extraordinaire
capacité à susciter le changement. De fait, l’équité et l’égalité entre hommes
et femmes relèvent de l’intérêt stratégique des dirigeants africains. »
De belles réussites… et
quelques échecs
Au
cours des six dernières années, la Tanzanie a progressé dans le classement de
l’IIAG, et rejoint pour la première fois le peloton de tête des dix pays les
plus performants. L’Angola, le Libéria et le Togo ont quitté pour leur part la
liste des dix pays les moins performants de l’IIAG. Ils ont été remplacés par
l’Érythrée, la Guinée-Bissau et le Nigéria. Entre 2000 et 2011, sept pays ont
enregistré une amélioration particulièrement remarquable de leur score général
de gouvernance : le Libéria, l’Angola, la Sierra Leone, le Rwanda, le Congo, la
République démocratique du Congo et la Zambie. Seul Madagascar a régressé de
façon notable. Au niveau des catégories, d’importants progrès ont été réalisés
par le Libéria et la Sierra Leone en matière de Sécurité et souveraineté du
droit, par l’Angola, la Guinée et le Libéria en termes de Participation et
droits de l’homme, par l’Angola, le Libéria, Maurice et la Sierra Leone dans la
catégorie Développement économique durable et par le Niger dans celle du
Développement humain. Un recul majeur a été observé pour la Libye et Madagascar
dans la catégorie Sécurité et souveraineté du droit et dans Participation et
droits de l’homme pour Madagascar.
Le caractère stratégique de
l’autonomie statistique
La
Fondation Mo Ibrahim poursuit son plaidoyer contre l’insuffisance des
statistiques africaines, en soulignant l’importance pour chaque Etat de
parvenir à l’autonomie statistique. Pour Mo Ibrahim, « La bonne gouvernance
consiste à savoir tirer le meilleur parti des ressources de son pays afin de
garantir les résultats que tout citoyen du XXIe siècle est en droit d’attendre.
Aujourd’hui, parmi les grands défis en matière de leadership et de gouvernance,
figure la maîtrise d’un système statistique fiable et autonome. La souveraineté
politique passe aussi par l’autonomie statistique.»
www.moibrahimfoundation.org
Jean-Louis Billon, président
de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire :
‘’
Il faut qu’on se retrousse les manches’’
«Je
ne suis pas particulièrement surpris puisque dans tous ces classements qu’on
fait ces temps-ci, nous occupons le dernier rang. Ce sont des critères dont il
faut tenir compte pour s’améliorer. Il ne faut pas les voir du mauvais côté. Ce
genre de notation qui classe l’ensemble des pays du monde en général sont très
objectifs, ça veut dire que nous avons une marge de progression importante.
Pour moi, ça reste toujours des curseurs (…) Ça veut dire qu’il y a urgence
pour nous. Le chemin est long, c’est nous qui devons le rendre plus court. Il
faut qu’on se retrousse les manches. Il y a des choses qu’on peut changer très vite.
Il faut avoir la volonté pour changer et aider à ce changement. Nous sommes là
pour accompagner, aider, soutenir dès lors qu’il y a cette volonté de
changement et d’amélioration».
Propos
recueillis par FO
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