Thursday, 25 October 2012

Doing Business, SFI/BM 2012-1013: Parmi les derniers, la Côte d’Ivoire passe de 167ème à 177ème sur 185 pays


Par César Etou


CLIMAT DES AFFAIRES SOUS OUATTARA, LA CÔTE D’IVOIRE DANS LE TROU

L’information est tombée hier aux environs de 15h. «La Côte d’Ivoire est passée du 167ème rang sur 185 en 2012, au 177ème rang sur 185 pays pour l’année 2013». La révélation vient de la Société financière internationale (SFI) et de la Banque mondiale. Ces institutions de la haute finance internationale ont publié leur classement hier mardi. L’information a été aussitôt reprise par l’organe d’information expresse Alerte Info qui l’a vulgarisée pour ses abonnés.

Ainsi, selon la SFI et la Banque mondiale, la Côte d’Ivoire vient de reculer de 10 points en un an, au niveau de l’environnement des affaires sous le régime de Dr. Alassane Dramane Ouattara, chef de l’Etat, grand commis, devant l’Eternel, de la haute finance internationale. Qui l’eût cru !? Comment en est-on arrivé là ?


Renseignements pris auprès des spécialistes de la question, il ressort grosso modo qu’un grand nombre de critères sont pris en compte par la SFI et la Banque mondial pour établir le classement mondial de l’environnement des affaires. Ces critères, selon nos sources, partent de la qualité des acquis démocratiques à l’environnement sécuritaire en passant par plusieurs autres lignes rouges à ne pas violer : bonne gouvernance, corruption, temps mis par un investisseurs qui débarque pour obtenir les papiers pour créer sa société, la qualité de l’arsenal juridique pour le règlement des conflits et pour garantir la protection des affaires, le niveau des dessous de tables exigés pour fournir les documents administratifs, etc. Or, sur toutes ces questions, les rares hommes affaires étrangers qui font semblant de s’entêter à investir dans notre pays ne cessent de se joindre aux Ivoiriens pour se plaindre. Dans toutes les chancelleries occidentales, les notes diplomatiques qui remontent vers leurs pays d’origines, parlant de l’environnement économique en Côte d’Ivoire, soulignent avec une rare virulence que le régime de Ouattara se caractérise par «un étonnant appétit d’enrichissement rapide, comme si chacun veut vite faire avant qu’il ne soit trop tard». Trop tard !? Motus et bouche cousue. Mais le plus dramatique est l’environnement sécuritaire.

LE PAYS TOUJOURS COUPE EN DEUX

Qui ne le sait ? Depuis le 11 avril 2011, date marquant l’arrivée au pouvoir de M. Alassane Dramane Ouattara sous le crépitement des armes et le largage des bombes, en guise de solution à un conflit électoral autour de la présidentielle ivoirienne, la Côte d’Ivoire reste coupée en deux blocs antagonistes. Cette guerre de quatre mois, préférée par la «Communauté internationale» à un «recomptage des voix» sollicité par un des belligérants, a fait entre 3.000 morts (officiels).

Certes, la guerre est finie, mais pas la crise. Et le pays reste divisé en deux blocs : d’un côté, le régime organise des spectacles politiques et musicaux et s’en sert pour préciser, à chaque coup, que «sous Alassane Ouattara, la deuxième chance de la Côte d’Ivoire après feu Félix Houphouët-Boigny, tout va bien dans le pays». Un taux de croissance «à deux chiffres» est annoncé, à chaque occasion, alors que les Etats européens donateurs croulent eux-mêmes sous le poids des crises économiques et monétaires chez eux. En face, bon nombre d’Ivoiriens constatent que, contrairement aux promesses électorales, la vie devient de plus en plus chère. Et pour couvrir les rengaines émanant de cette grande partie de la Côte d’Ivoire, Ouattara et son régime ont choisi d’étouffer toute contradiction démocratique interne.

A commencer par les médias. A eux seuls, sept (7) quotidiens de l’opposition totalisent un semestre de suspensions cumulées en quinze mois. Le Conseil national de la Presse est passé par là. Des journalistes sont soit envoyés en prison pour « délit non constitué », soit enfermés quelques heures aux violons de la Direction de la Surveillance du Territoire (Dst, police politique) pour des articles non au goût du pouvoir. Le DG de la Rti a perdu son poste après un banal ratage du retour du chef de l’Etat d’un voyage à l’étranger.

Cette censure institutionnelle doublée d’intimidations et de menaces d’incarcération est complétée par les attaques et/ou incendies des sièges des rédactions des journaux de l’opposition. Mais il parait que les médias ont même beaucoup de chance. Car, sous Ouattara, le pluralisme politique, bien que constitutionnalisé, est supprimé dans la pratique. La démocratie est étranglée. La preuve ? Le plus grand parti de l’opposition, voire du pays, le Front populaire ivoirien (Fpi) du président Laurent Gbagbo (38% de l’électorat au premier tour de la présidentielle d’octobre 2010 contre 34% au Rdr d’Alassane Ouattara et 25% au Pdci-Rda d’Henri Konan Bédié) ne peut plus s’exprimer : toutes ses manifestations sont soit interdites, soit attaquées à coups de fusil ou à l’arme blanche par les miliciens à la solde du pouvoir. Le Secrétaire général par intérim du Fpi, Laurent Akoun, est écroué à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (Maca) en compagnie de son adjoint, le ministre Alphonse Douaty. Ils y attendent M. Mady Bouabré, ex-député du Plateau, cadre de leur parti, détenu depuis près de 90 jours à la Dst alors que la garde à vue légale est de 48h. M. Etienne N’Guessan, Secrétaire exécutif d’un petit parti proche du Fpi, croupit, quant à lui, depuis plus d’une semaine, dans les violons de la Police économique au Plateau, sans aucun délit précis. 

Ces détentions sans jugement portent à près de cinq cent (500), peut-être même plus, le nombre de prisonniers politiques, civils et militaires confondus, dans les prisons du Sud (Abidjan) et du Nord (Bouna, Katiola, Korhogo, Odienné et Boundiali). Chaque jour, le régime opère des arrestations dans un seul camp, celui des partisans du président Gbagbo, et se félicite de « la fin de l’impunité », mais protège et fait la promotion des auteurs de crimes épinglés par les défenseurs des droits de l’Homme et par l’Onu dans son propre camp.

Dans cette atmosphère de justice des vainqueurs et de réconciliation ratée, l’environnement sécuritaire s’est totalement dégradé dans le pays. Les attaques armées se multiplient au rythme de la répression contre les opposants au régime.
Bongouanou (220 km de la capitale, à l’Est du pays), dans la nuit du 21 au 22 octobre 2012, Samo et Bonoua (70 km d’Abidjan, 150 km de la frontière ghanéenne, au Sud du pays), puis la centrale thermique d’Azito à Yopougon, dans la nuit du 14 au 15 octobre 2012 ; Noé (frontière ghanéenne), mais surtout à l’Ouest (frontière libérienne) avec, entre autres victimes, les sept (7) Casques bleus nigériens de l’Onuci (Mission de l’Onu en Côte d’Ivoire). Faut-il noter les attques spectaculaires de Yopougon et du camp militaire d’Akouédo (Abidjan), celle de Dabou et de Jacqueville, deux bourgs de la banlieue abidjanaise, contre les positions des Frci ? Achaque attaque, des armes et des munitions sont emportées par les assaillants, faisant planer de lourdes incertitudes sur l’avenir du pays.

L’atmosphère sécuritaire est d’autant plus lourde que le pouvoir Ouattara a réussi de chalenge de retourner ses propres combattants contre lui-même. Des sources lorgnent vers Guillaume Soro, ancien chef rebelle, successivement Premier ministre de Gbagbo et de Ouattara, devenu président de l’Assemblée nationale, soupçonné d’organiser des coups de feu pour empêcher Ouattara de le livrer à la Cpi. D’autres sources lient ces attaques à la «frustration» de milliers de mercenaires et supplétifs des rebelles enrôlés pour combattre Laurent Gbagbo et qui, abandonnés à eux-mêmes, après la guerre postélectorale, continuent d’attendre sans espoir les 5 millions FCFA (7.600 euros) de prime promis à chacun.

Dans ce groupe de frustrés de Ouattara, ces sources rangent les prisonniers libérés et armés par le camp Ouattara, ainsi que de nombreux Dozos, des chasseurs traditionnels transformés en chasseurs d’hommes pour « combattre pour la bonne cause» et qui, à la fin, se plaignent de plus en plus ouvertement d’avoir été délaissés. S’ajoutent à ce cocktail explosif de pro Ouattara frustrés, toutes les victimes de déguerpissements forcés, sans mesure d’accompagnement, dont l’étape du quartier pro Ouattara d’Abobo a montré que les populations civiles détiennent des armes de guerre.

Enfin, dernier groupe non moins frustré, tous ces professionnels des armes (soldats, gendarmes, policiers et autres corps habillés, tous grades confondus) issus de l’armée régulière du pays Fanci ou Fds) qui, bien que non en exil, ont perdu qui leurs emplois, qui leurs postes, quand leurs comptes bancaires ne sont pas gelés, depuis que Ouattara a pris le pouvoir. Rien ne montre encore une connexion entre tous ces frustrés mais personne ne sait où va le pays. Et en entendant le chaos social, c’est l’environnement des affaires qui dégringole sous Ouattara. La Côte d’Ivoire est dans le trou.

Source : Notre Voie

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