Friday, 10 December 2010

"Françafrique" sur France2 - Election Gabon 2009 & Côte d'Ivoire 2010

In unevingtaine.blogs.nouvelobs.com | une vingtaine 


Hier soir 9 décembre, sur France2, émission "Infrarouge", un reportage intitulé "Françafrique (1/2)" diffusé à 23.10... Y apparaissent plusieurs serviteurs zélés de la Françafrique, parmi lesquels, entre autres, concernant le Gabon, Pierre Mesmer et Maurice Delauney. (Sans oublier Pierre Guillaumat, Maurice Robert et bien sûr Jacques Foccart, etc., etc.)

Et voilà qu'on apprend d'entrée d'émission par la voix de grands diplomates français (et pas d’agitateurs contestataires du système) la valeur d'un résultat d'élection validé par la "communauté internationale", concernant le Gabon. Il a été tout simplement... inversé !... Oui, on a bien lu, ils l'ont dit : inversé ! À l'appui de la "communauté internationale". (cf. aussi ici un article de Survie).

Selon ces diplomates français, le nombre de voix qu'a rassemblées "le vainqueur" est en fait celui du second candidat de ce scrutin à un tour. Les résultats, rendus publics par la "communauté internationale" : 42% de voix environ. Ces voix correspondent en fait ("approximativenment", nous dit-on : soyons justes) à celles de l'adversaire du "vainqueur"...

Et les instigateurs, personnages éminents de la "communauté internationale", le clament aujourd'hui fièrement. Pourquoi une telle audace, celle de le clamer devant la télé ? Tout simplement parce qu'ils ont réussi leur coup. Ils en sont donc fiers, et il n'y a plus lieu de le cacher !

Et voilà, coïncidence hilarante (si l'on peut dire) et imprévue, que la programmation de France 2 fait paraître ce film (diffusé en fin de soirée, certes - il ne faut pas trop en demander) en pleine phase de traficotage électoral de la crise ivoirienne par la "communauté internationale", du même ordre que celle qu'a connue auparavant le Gabon à l'insu de tous !

Voilà qui nous renvoie à la réalité des 54% totalement arbitraires (il suffit de se pencher sur les données chiffrées pour le constater), clamés par la même "communauté internationale" concernant la Côte d'Ivoire, et évidemment (tant ils ne correspondent à rien) invalidés par le conseil constitutionnel de Côte d'Ivoire (la "communauté internationale", par la voix de ses médias, précise ici invariablement "conseil constitutionnel acquis à Gbagbo").

Chiffres arbitraires mais qui ont pour eux la force de la propagande "internationale" passée en boucle. Et pendant ce temps, d'aucuns essayent de faire passer pour de la "propagande dictatoriale" (sic) les pauvres reportages de la RTI (avec ses faibles moyens) tentant de relater les faits que les grands médias cachent concernant les violences perpétrés par les militants Rdr/rébellion contre les populations. Il suffit d'avoir contact local en Côte d'Ivoire pour savoir que c'est la réalité (déjà atténuée par la résistance des populations qui s’organisent contre ces violences).

La différence entre la situation gabonaise précédemment et celle de la Côte d’Ivoire aujourd'hui ? L'appui massif de la population à Gabgbo que les opposants gabonais n’avaient pas encore pu obtenir. Aujourd'hui déjà, les faits en Côte d'Ivoire sont criants : Ouattara va où il veut... dans les jardins et les chambres de l'hôtel du Golf, Gabgbo va où il veut dans le reste du pays (on le voit aisément sur la RTI, pas sur les médias "neutres" et "non-propgandistes" de la "communauté internationale") - où il veut sauf, évidemment, dans les zones tenues par les bandits en armes, où nul ne va.

Voilà qui indique déjà pas mal sur la réalité des "résultats" de la "communauté internationale" qui soutient unanimement Ouattara comme l'an dernier elle soutenait unanimement Ali Bongo...

Le film se poursuit par un retour en arrière sur les débuts de la Françafrique, retour sur des faits plus connus, du fait du temps qui a passé : comment en premier on a ruiné l'économie de la Guinée qui s'était libérée du FcFA en l’inondant de faux billets. Comment on a armé l’opposition à Sékou Touré élu à la régulière, pour en faire une rébellion... Tout cela relaté par les grands noms de la Françafrique, auteurs de ces faits.

Les tenants de la Françafrique avouent sans masque traiter ainsi invariablement de "dictateur" tout démocrate qui s'oppose à leur mainmise... Evidemment la Françafrique a des arguments, puisque les fraudes électorales massives sont validées ipso facto par la "communauté internationale" et ses médias, qui assènent que celui qui est en fait élu, soit "s'accroche à son fauteuil", soit est "mauvais perdant" et n'accepte pas sa "défaite".

Après la Guinée, le reportage en vient aussi au Cameroun, relatant des faits connus : comment l'opposition UPC a vu ses dirigeants assassinés ("pour le bien" de la nébuleuse, affirment ses acteurs). La nouveauté, c'est que dans le reportage lesdits acteurs l'affirment tranquillement !

Assassinats suivis de ce que Verschave (dans son livre "La Françafrique", p. 91) a déjà rappelé : "'Ils ont massacré de 300 000 a 400 000 personnes. Un vrai génocide. Ils ont pratiquement anéanti la race [les Bamilékés]. Sagaies contre armes automatiques, les Bamilékés n'avaient aucune chance. (...) Les villages avaient été rasés, un peu comme Atilla [évocation d'un massacre au Liban]', témoigne le pilote d'hélicoptère Max Bardet." Et Verschave de rappeler que cela s'est fait avec l'aval de l’Angleterre voisine (autre puissance locale de l'époque - avant la prise de relais américaine actuelle) et de l'Onu. Et évidemment, les massacrés étaient présentés dans nos médias comme une menace pour la démocratie et leurs leaders comme des "dictateurs"...

Aujourd’hui la même "communauté internationale" a à nouveau son candidat, en Côte d’Ivoire, et, comme à chaque fois, à l'appui de grands médias et de "bonnes volontés", présente ceux qui lui résistent comme soutenant "un dictateur", et toujours comme à chaque fois, jure, la main sur le coeur, que cette fois, c'est pas pareil, qu'elle défend vraiment la justice, comme elle le jurait encore l'an dernier au Gabon, la main sur le coeur...

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