par Le nouveau courrier
Le quotidien pro-Soro évoque le schéma catastrophe pour le Premier ministre. Une incapacité d’Alassane Ouattara avant les législatives, qui ouvrirait la voie à Mamadou Koulibaly... De quoi alimenter les rumeurs qui courent déjà.
L’article aurait eu une signification plus anecdotique s’il n’avait pas été écrit par Nord-Sud, le quotidien qui porte, depuis sa création, l’ambition politique de Guillaume Soro. Et qui, plusieurs fois par le passé, a lancé des «ballons d’essai» et mené des campagnes médiatiques au profit du Premier ministre ivoirien. L’article est intitulé «A six mois des législatives – Koulibaly, dauphin de Ouattara ?» «En sa qualité de président de l’Assemblée nationale, deuxième personnage de l’Etat ivoirien, c’est Mamadou Koulibaly qui devrait succéder à Alassane Ouattara en cas de vacance du pouvoir de celui-ci», écrit Nord-Sud, qui déplore une «situation à la fois ubuesque et cauchemardesque ».
«En attendant le renouvellement du parlement, le président sortant, Mamadou Koulibaly jouit toujours du statut de dauphin constitutionnel. En cas de décès, de démission ou d’invalidité d’Alassane Ouattara, son remplaçant tout désigné, est Mamadou Koulibaly. (...) C’est l’article 40 de la loi fondamentale ivoirienne qui pose ce principe intangible. La réalité est donc là, implacable : le successeur constitutionnel d’Alassane Ouattara est bien le président intérimaire du Front populaire ivoirien (Fpi). Et, en cas d’empêchement de Mamadou Koulibaly, c’est Marthe Amon Agoh, deuxième vice-présidente de l’Assemblée nationale, elle aussi, cadre du Fpi, qui devrait assurer l’intérim du président de la République. L’ancien régime qui est loin d’avoir plié totalement l’échine, pourrait donc revenir en force», écrit Nord-Sud. «Pourvu que le scénario catastrophe ne se produise pas d’ici là», préfère positiver un (...) député de la mouvance houphouétiste qui a requis l’anonymat, conclut l’article.
Que penser d’un tel papier de «Une» ?
Premièrement, il traduit des angoisses diffuses du camp Ouattara face à une éventuelle disparition de son leader. Pourquoi cette peur panique ? Le chef de l’Etat ivoirien est-il en bonne santé ? Jusqu’à présent, les nombreuses rumeurs à ce sujet ont toujours été mises sur le compte d’ennemis prenant leurs rêves pour des réalités. Que Nord-Sud aborde ce sujet tabou – la finitude du chef – donnera forcément du grain à moudre à ceux qui postulent qu’Alassane Ouattara est une sorte de Léon Mba, qui pourrait s’effacer très vite au profit de... Guillaume Soro. Est-ce par peur de voir sa«destinée» contrariée par Mamadou Koulibaly que les partisans de Guillaume Soro trépignent dans l’attente de législatives qui mettraient leur champion à la place enviée de dauphin constitutionnel ?
Mystère. En tout cas, le fait de voir le journal cher au cœur du Premier ministre évoquer sans trop de précautions son futur décès pourrait bien pousser Alassane Ouattara à se méfier de celui à qui le perchoir est visiblement réservé lors de la prochaine législature. Cet article, qui montre que les calculs de l’après-Ouattara obsèdent déjà le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), indique, par voie de conséquence, que la guerre de succession est ouverte. Et elle semble déjà opposer, dans le cadre d’un affrontement à fleurets mouchetés, Hamed Bakayoko, patron du Patriote et enfant de la maison Ouattara depuis deux décennies, et Guillaume Soro, inspirateur de Nord-Sud et pièce rapportée issue de la gauche historique ivoirienne... et dont les dents, on le sait depuis longtemps, rayent littéralement le parquet.
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