Par Nadia Djabali, avec Agnès
Rousseaux et Ivan du Roy – titre : abidjan_pas_net
Au
Brésil, le groupe français Louis Dreyfus, spécialisé dans le négoce des
matières premières, a pris possession de près de 400 000 hectares de terres :
l’équivalent de la moitié de l’Alsace, la région qui a vu naître l’empire
Dreyfus, avec le commerce du blé au 19ème siècle. Ces terres sont destinées aux
cultures de canne à sucre et de soja. Outre le Brésil, le discret empire
commercial s’est accaparé, via ses filiales Calyx Agro ou LDC Bioenergia ,
des terres en Uruguay, en Argentine ou au Paraguay.
Si Robert Louis Dreyfus, décédé en 2009,
n’avait gagné quasiment aucun titre avec l’Olympique de Marseille, club dont il
était propriétaire, il a fait de son groupe le champion français toute
catégorie dans l’accaparement des terres.
Le Groupe Louis-Dreyfus – 56 milliards d’euros de chiffre d’affaires –
achète, achemine et revend tout ce que la terre peut produire : blé, soja,
café, sucre, huiles, jus d’orange, riz ou coton, dont il est le « leader
»mondial via sa branche de négoce, Louis-Dreyfus
Commodities. Son jus d’orange provient d’une propriété de 30 000 ha au
Brésil. L’équivalent de 550 exploitations agricoles françaises de taille
moyenne ! Il a ouvert en 2007 la plus grande usine au monde de biodiesel à base
de soja,à Claypool, aux Etats-Unis (Indiana). Il possède des forêts utilisées «
pour la production d’énergie issue de la biomasse, l’énergie solaire, la
géothermie et l’éolien ». Sans oublier le commerce des métaux, le gaz naturel,
les produits pétroliers, le charbon et la finance.
Course effrénée à l’accaparement de
terres En ces périodes de tensions alimentaires et de dérèglements climatiques,
c’est bien l’agriculture qui semble être l’investissement le plus prometteur.
« En 5
ans, nous sommes passés de 800 millions à 6,3 milliards de dollars d’actifs
industriels liés à l’agriculture », se réjouissait le directeur du conglomérat,
Serge Schoen . Le groupe Louis Dreyfus illustre la course effrénée à
l’accaparement de terres agricoles dans laquelle se sont lancées de puissantes
multinationales. Sa holding figure parmi les cinq premiers gros traders de
matières premières alimentaires, avec Archer Daniels Midland (États-Unis),
Bunge (basé aux Bermudes), Cargill (États-Unis) et le suisse Glencore. Ces cinq
multinationales, à l’acronyme ABCD, font la pluie et le beau temps sur les
cours mondiaux des céréales .
L’exemple de Louis Dreyfus n’est pas isolé.
États,
entreprises publiques ou privées, fonds souverains ou d’investissements privés
multiplient les acquisitions – ou les locations – de terres dans les pays du
Sud ou en Europe de l’Est.
Objectif: se lancer dans le commerce des
agrocarburants, exploiter les ressources du sous-sol, assurer les
approvisionnements alimentaires pour les États, voire bénéficier des
mécanismesde financements mis en œuvre avec les marchés carbone. Ou simplement
spéculer sur l’augmentation du prix du foncier.
Souvent les agricultures paysannes
locales sont remplacées par des cultures industrielles intensives. Avec, à la
clé, expropriation des paysans, destruction de la biodiversité, pollution par
les produits chimiques agricoles, développement des cultures OGM... Sans que les
créations d’emplois ne soient au rendez-vous.
Trois fois la surface agricole de la France
Le
phénomène d’accaparement est difficile à quantifier. De nombreuses transactions
se déroulent dans le plus grand secret. Difficile également de connaître
l’origine des capitaux. Une équipe de la Banque mondiale a tenté de mesurer le
phénomène. En vain ! « Devant les difficultés opposées au recueil des
informations nécessaires (par les États comme les acteurs privés), et malgré
plus d’un an de travail, ces chercheurs ont dû pour l’évaluer globalement s’en
remettre aux articles depresse», explique Mathieu Perdriault de l’association
Agter.
Selon
la base de données Matrice foncière, l’accaparement de terres représenterait 83
millions d’hectares dans les pays en développement. L’équivalent de près de
trois fois la surface agricole française (1,7% de la surface agricole mondiale)
! Selon l’ONG Oxfam, qui vient de publier un rapport à ce sujet,«une superficie
équivalant à celle de Paris est vendue à des investisseurs étrangers toutes les
10 heures », dans les pays pauvres .
L’Afrique, cible d’un néocolonialisme agricole ?
L’Afrique,
en particulier l’Afrique de l’Est et la République démocratique du Congo, est
la région la plus convoitée, avec 56,2 millions d’hectares. Viennent ensuite
l’Asie (17,7 millions d’ha), puis l’Amérique latine (7 millions d’ha). Pourquoi
certains pays se laissent-il ainsi « accaparer » ? Sous prétexte d’attirer
investissements et entreprises, les réglementations fiscales,sociales et
environnementales des pays les plus pauvres sont souvent plus propices. Les
investisseurs se tournent également vers des pays qui leur assurent la sécurité
de leurs placements.
Souvent
imposées par les institutions financières internationales, des clauses
garantissent à l’investisseur une compensation de la part de l’État « hôte » en
cas d’expropriation. Des clauses qui peuvent s’appliquer même en cas de grèves
ou de manifestations.
Les
acteurs de l’accaparement des terres, privés comme publics, sont persuadés – ou
feignentde l’être – que seul l’agrobusiness pourra nourrir le monde en 2050.
Leurs investissements visent donc à « valoriser » des zones qui ne seraient pas
encore exploitées. Mais la réalité est tout autre, comme le montre une étude de
la Matrice Foncière : 45% des terres faisant l’objet d’une transaction sont des
terres déjà cultivées. Et un tiers des acquisitions sont des zones boisées,
très rentables lorsqu’on y organise des coupes de bois à grande échelle. Des
terres sont déclarées inexploitées ou abandonnées sur la foi d’imageries
satellites qui ne prennent pas en compte les usages locaux des terres.
40% des
forêts du Liberia sont ainsi gérés par des permis à usage privés (lire
aussi notre reportage au Liberia).Ces permis, qui permettent de contourner les
lois du pays, concernent désormais 20 000 km2. Un quart de la surface du pays !
Selon Oxfam, 60% des transactions ont eu lieu dans des régions « gravement
touchées par le problème de la faim » et « plus des deux tiers étaient
destinées à des cultures pouvant servir à la production d’agrocarburants comme
le soja, la canne à sucre, l’huile de palme ou le jatropha ». Toujours ça que
les populations locales n’auront pas...
Quand AXA et la
Société générale se font propriétaires terriens
« La
participation, largement médiatisée, des États au mouvement d’acquisition
massive de terre ne doit pas masquer le fait que ce sont surtout les opérateurs
privés, à la poursuite d’objectifs purement économiques et financiers, qui
forment le gros bataillondes investisseurs», souligne Laurent Delcourt,
chercheur au Cetri. Les entreprises publiques, liées à un État, auraient acheté
11,5 millions d’hectares. Presque trois fois moins que les investisseurs
étrangers privés, propriétaires de 30,3 millions d’hectares. Soit la surface de
l’Italie ! Si les entreprises états-uniennes sont en pointe, les Européens
figurent également en bonne place.
Banques
et assurances françaises se sont jointes à cette course à la propriété
terrienne mondiale. L’assureur AXA a investi 1,2 milliard de dollars dans la
société minière britannique Vedanta Resources PLC, dont les filiales ont été
accusées d’accaparement des terres . AXA a également investi au moins 44,6
millions de dollars dans le fond d’investissement Landkom (enregistré dans
l’île de Man, un paradis fiscal), qui loue des terres agricoles en Ukraine.
Quant au Crédit Agricole, il a créé – avec la Société générale – le fonds
«Amundi Funds Global Agriculture». Ses 122 millions de dollars d’actifs sont
investis dans des sociétés telles que Archer
Daniels Midland ou Bunge, impliquées comme le groupe Louis Dreyfus dans l’acquisition de terres à grande échelle. Les deux banques ont également lancé
le « Baring Global Agriculture Fund » (133,3 millions d’euros d’actifs) qui
cible les sociétés agro-industrielles. Les deux établissement incitent
activement à l’acquisition de terres, comme opportunité d’investissement. Une
démarche socialement responsable ?
Vincent Bolloré, gentleman farmer
Après
le groupe Louis Dreyfus, le deuxième plus gros investisseur français dans les
terres agricoles se nomme Vincent Bolloré. Son groupe, via l’entreprise Socfin
et ses filiales Socfinaf et Socfinasia, est présent dans 92 pays dont 43 en
Afrique.
Il y
contrôle des plantations, ainsi que des secteurs stratégiques : logistique,
infrastructures de transport, et pas moins de 13 ports, dont celui d’Abidjan. L’empire Bolloré s’est développée de façon
spectaculaire au cours des deux dernières décennies « en achetant des anciennes
entreprises coloniales, et [en] profitant de la vague de privatisations issue
des "ajustements structurels" imposés par le Fonds monétaire
international », constate le Think tank états-unien Oakland Institute.
Selon
le site du groupe, 150 000 hectares plantations d’huile de palme et d’hévéas,
pour le caoutchouc, ont été acquis en Afrique et en Asie. L’équivalent de 2700
exploitations agricoles françaises ! Selon l’association Survie, ces chiffres
seraient en deçà de la réalité. Le groupe assure ainsi posséder 9 000 ha de
palmiers à huile et d’hévéas au Cameroun, là où l’association Survie en
comptabilise 33 500.
Expropriations et intimidations des populations
Quelles
sont les conséquences pour les populations locales ? Au Sierra Leone, Bolloré a
obtenu un bail de 50 ans sur 20000 hectares de palmier à huile et 10 000
hectares d’hévéas. « Bien que directement affectés, les habitants de la zone
concernée semblent n’avoir été ni informés ni consultés correctementavant
lelancement du projet : l’étude d’impact social et environnemental n’a été
rendue publique que deux mois après la signature du contrat », raconte Yanis
Thomas de l’association Survie. En 2011, les villageois tentent de bloquer les
travaux sur la plantation. Quinze personnes « ont été inculpées de tapage,
conspiration, menaces et libérées sous caution après une âpre bataille
judiciaire. » Bolloré menace de poursuivre en justice pour diffamation The Oakland
Institute, qui a publié un rapport en 2012 sur le sujet pour alerter l’opinion
publique internationale.
Au
Libéria, le groupe Bolloré possède la plus grande plantation d’hévéas du pays,
via une filiale, la Liberia Agricultural Company (LAC). En mai 2006, la mission
des Nations Unies au Libéria (Minul) publiait un rapport décrivant les
conditions catastrophiques des droits humains sur la plantation : travail
d’enfants de moins de 14 ans, utilisation de produits cancérigènes,
interdiction des syndicats, licenciements arbitraires, maintien de l’ordre par
des milices privées, expulsion de 75 villages…. La LAC a qualifié les
conclusions de la Minul « de fabrications pures et simples » et «
d’exagérations excessives ». Ambiance... Plusieurs années après le rapport des
Nations Unies, aucune mesure n’a été prise par l’entreprise ou le gouvernement
pour répondre aux accusations.
Une coopératives agricole qui méprise ses salariés
Autre
continent, mêmes critiques. Au Cambodge, la Socfinasia, société de droit
luxembourgeois détenue notamment par le groupe Bolloré a conclu en 2007 un
jointventure qui gère deux concessions de plus de 7 000 hectares dans la région
de Mondulkiri. La Fédération internationale des Droits de l’homme (FIDH) a
publié en 2010 un rapport dénonçant les pratiques de la société Socfin-KCD. «
Le gouvernement a adopté un décret spécial permettant l’établissement d’une
concession dans une zone anciennement protégée, accuse la FIDH. Cette
situation, en plus d’autres violations documentées du droit national et des
contrats d’investissement, met en cause la légalité des concessions et témoigne
de l’absence de transparence entourant le processus d’approbation de celles-ci.
» Suite à la publication de ce rapport, la Socfin a menacé l’ONG de poursuites
pour calomnie et diffamation.
Du côté
des industries du sucre, la situation n’est pas meilleure. Depuis 2007, le
géant français du sucre et d’éthanol, la coopérative agricole Tereos, contrôle
une société mozambicaine . Tereos exploite la sucrerie de Sena et possède un
bail de 50 ans (renouvelable) sur 98 000 hectares au Mozambique. Le contrat
passé avec le gouvernement prévoit une réduction de 80% de l’impôt sur le
revenu et l’exemption de toute taxe sur la distribution des dividendes.
Résultat
: Tereos International réalise un profit net de 194 millions d’euros en 2010,
dont 27,5 millions d’euros ont été rapatriés en France sous forme de
dividendes. « De quoi mettre du beurre dans les épinards des 12 000
coopérateurs français de Tereos », ironise le journaliste Fabrice Nicolino.
Soit un dividende de 2600 euros par agriculteur français membre de la
coopérative. Pendant ce temps, au Mozambique, grèves et manifestations se sont
succédé dans la sucrerie de Sena : bas salaires (48,4 euros/mois), absence
d’équipements de protection pour les saisonniers, nappe phréatique polluée aux
pesticides... Ce doit être l’esprit coopératif .
Fermes et fazendas, nouvelles cibles de la spéculation
Connues
ou non, on ne compte plus les entreprises et les fonds d’investissement français
qui misent sur les terres agricoles. Bonduelle, leader des légumes en conserve
et congelés, possède deux fermes de 3 000 hectares en Russie où il cultive
haricots, maïs et pois. La célèbre marque cherche à acquérir une nouvelle
exploitation de 6 000 ha dans le pays.
Fondée
en 2007 par Jean-Claude Sabin, ancien président de la pieuvre Sofiproteol
(aujourd’hui dirigée par Xavier Beulin président de la FNSEA), Agro-énergie
Développement (AgroEd) investitdans laproductiond’agrocarburants et d’aliments
dans les pays en développement. La société appartient à 51% au groupe
d’investissement LMBO, dont l’ancien ministre de la Défense, Charles Millon,
fut l’un des directeurs. Les acquisitions de terres agricoles d’AgroEd en
Afrique de l’Ouest sont principalement destinées à la culture du jatropha,
transformé ensuite en agrocarburants ou en huiles pour produits industriels.
Mais impossible d’obtenir plus de précisions.
Les
sites internet de LMBO et AgroED sont plus que discrets sur le sujet. Selon une
note de l’OCDE, AgroEd aurait signé un accord avec le gouvernement burkinabé
concernant 200 000 hectares de Jatropha, en 2007, et négocient avec les
gouvernements du Bénin, de Guinée et du Mali. « Compte tenu de l’endettement
massif des États et des politiques monétaires très accommodantes, dans une
optique de protection contre l’inflation, nous recommandons à nos clients
d’investir dans des actifs réels et notamment dans les terres agricoles de pays
sûrs, disposant de bonnes infrastructures, comme l’Argentine », confie au
Figaro Franck NoëlVandenberghe, le fondateur de Massena Partners. Ce
gestionnaire de fortune français a crée le fond luxembourgeois Terra Magna
Capital, qui a investi en 2011 dans quinze fermes en Argentine, au Brésil, au
Paraguay et en Uruguay. Superficie totale : 70 500 hectares, trois fois le
Val-de-Marne!
Le maïs aussi rentable que l’or
Conséquence
de ce vaste accaparement : le remplacement de l’agriculture vivrière par la
culture d’agrocarburants, et la spéculation financière sur les terres agricoles. Le maïs a offert, à égalité avec
l’or, le meilleur rendement des actifs financiers sur ces cinq dernières
années, pointe une étude de la Deutsche Bank. En juin et juillet 2012, les prix
des céréales se sont envolé sur le long terme, prévoit la Banque mondiale.
Pendant ce temps, plus d’un milliard d’individus souffrent de la faim. Non pas
à cause d’une pénurie d’aliments mais faute d’argent pour les acheter.
Qu’importe
! Au nom du développement, l’accaparement des terres continuent à être encouragé
– et financé ! – par les institutions internationales. Suite aux famines et aux
émeutes de la faim en 2008, la Banque mondiale a créé un «Programme
d’intervention en réponse à la crise alimentaire mondiale»(GFRP). Avec plus de
9 milliards de dollars en 2012, son fonds de «soutien» au secteur agricole a
plus que doublé en quatre ans. Via sa Société financière internationale (SFI),
l’argent est distribué aux acteurs privés dans le cadre de programme aux noms
prometteurs : «Access to land» (accès à la terre) ou «Land market for
investment» (marché foncier pour l’investissement).
Des placements financiers garantis par la Banque mondiale
Les
deux organismes de la Banque mondiale, SFI et FIAS (Service Conseil pour
l’Investissement Étranger) facilitent également les acquisitions en contribuant
aux grandes réformes législatives permettant aux investisseurs privés de
s’installer au Sierra Leone, au Rwanda, au Liberia ou au Burkina Faso… Quels
que soient les continents, « la Banque mondiale garantit nos actifs par rapport
au risque politique », explique ainsi l’homme d’affaire étatsunien Neil Crowder
à la BBC en mars 2012, qui rachète des petites fermes en Bulgarie po actifs
pour une quelconque raison ou en cas d’expropriation.
Participation
au capital des fonds qui accaparent des terres, conseils et assistances
techniques aux multinationales pour améliorer le climat d’investissement des
marchés étrangers, négociations d’accords bilatéraux qui créent un
environnement favorable aux transactions foncières : la Banque mondiale et
d’autres institutions publiques – y compris l’Agence française du développement
– favorisent de fait « la concentration du pouvoir des grandes firmes au sein
du système agroalimentaire, (...) la marchandisation de la terre et du travail
et la suppression des interventions publiques telles que le contrôle des prix
ou les subventions aux petits exploitants », analyse Elisa Da Via, sociologue
du développement .
Oxfam
réclame de la Banque mondiale «un gel pour six mois de ses investissements dans
des terres agricoles» des pays en développement, le temps d’adopter «des
mesures d’encadrement plus rigoureuses pour prévenir l’accaparement des
terres». Que pense en France le ministère de l’Agriculture de ces pratiques ?
Il a présenté en septembre un plan d’action face à la hausse du prix des
céréales. Ses axes prioritaires : l’arrêt provisoire du développement des
agrocarburants et la mobilisation du G20 pour « assurer une bonne coordination
des politiques des grands acteurs des marchés agricoles»
Des annonces
bien vagues face à l’ampleur des enjeux : qui sont ces « grands acteurs des
marchés agricoles » ? S’agit-il d’aider les populations rurales des pays
pauvres à produire leurs propres moyens de subsistance ou de favoriser les
investissements de l’agrobusiness et des fonds spéculatifs sous couvert de
politique de développement et de lutte contre la malnutrition ? Les dirigeants
français préfèrent regarder ailleurs, et stigmatiser l’immigration.
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