Par Gerard Koné
La lune de miel entre le camp Ouattara et les Ong internationales de défense des droits humains, jadis meilleurs alliés pour diaboliser le régime Gbagbo, est en train de virer à la répulsion. La cause de ce désamour entre les deux parties, c’est bien les différents rapports sur les violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Ce qui fâche le camp Ouattara, ce sont les rapports successifs qui épinglent les Frci dans les exactions aussi bien à Abidjan qu’à l’intérieur du pays, alors qu’il n’y a plus de belligérance.
A ce sujet, l’Ong Human Rights Watch (Hrw) s’était indigné mercredi dernier, de ce qu’«aucun des membres des Forces républicaines, impliqué dans des crimes graves, n`a été arrêté ou placé en garde à vue pour crimes graves commis pendant la période post-électorale». Dans la même veine, le Haut Commissaire aux droits de l’Homme des Nations Unies, Navi Pillay est monté au créneau. «Des témoignages accusent ces soldats d'implication dans des violations des droits de l'homme à Abidjan comme dans le reste du pays, incluant des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des actes de torture, des viols, des pillages et de l'extorsion», avait-elle fait savoir à l’issue d’une réunion consacrée à la Côte d’Ivoire, mercredi dernier à l’Onu. Dénonçant par la même occasion, «le manque de discipline et la violence de la part de l'armée nouvellement établie, les FRCI, qui est composée de différents groupes sans claire structure de commandement et qui sont (…) une source de sérieuse préoccupation».
Réponse du berger à la bergère. Le Gouvernement Ouattara qui ne semble guère apprécier cet «acharnement » de la part des Ong internationales de défense des droits humains, alliées autrefois de l’actuel chef d’Etat, a décidé d’apporter la réplique. Le dernier Conseil des ministres (mercredi 15 juin) consacre un long chapitre à la question. «Le Gouvernement souhaite attirer l’attention de certaines organisations de défense des droits de l’homme qui, par leur silence sur la gravité des faits révélés depuis novembre 2010, par la partialité de leur jugement dans le traitement de cas récents, ou même la publication de rapports sur la base d’enquêtes relativement superficielles, font courir à toutes ces organisations le risque de décrédibiliser la noble mission qui leur est dévolue». Dans la foulée, une commission nationale d’enquête est mise sur pied, sous la responsabilité du ministre chargé des Droits de l’Homme et des Libertés publiques, Coulibaly Gnenema. Le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, a chacune de ses sorties essai tant bien que mal de défendre les Frci, acculées par les Ong.
«Qu’on nous apporte des preuves de ces exactions là. Nous n’allons pas nous laisser distraire par ce genre de rapports».
Les rapports de ces Ong, il est bon de le rappeler, étaient brandis comme parole d’évangile dans un passé récent quand il s’agissait d’accabler Gbagbo. Et à cette époque, on n’avait pas besoin de preuves. Comme quoi, la lune de miel a brutalement pris fin entre les deux tourtereaux.
in Le Nouveau Courrier
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