par ATHENA COOL DOKY
Revenant sur son premier défrisage, Malcolm X lâchait les mots suivants: « Ce que je pouvais être ridicule! J’admirais dans la glace un Noir avec des cheveux “blancs” »… Un peu d’histoire servira à comprendre et cerner le canevas des propos qui suivront. Le phénomène du défrisage, ou encore du « lissage » du cheveu crépu, dans les formes qu’il emprunte depuis la fin du 19e siècle semble être lié à l’esclavage des Noirs dans les Amériques.
Le défrisage à froid – qui est la forme la plus “évoluée” du phénomène – est la dernière phase d’une technicité qui n’a eu de cesse de se perfectionner depuis la seconde moitié du 19e, lorsque les Noirs (y compris les femmes), commencent à avoir accès à l’éducation et au savoir et qu’ils vont se charger de mettre au point les différents procédés qui seront l’aboutissement des défrisants modernes, dont les contenus se distinguent essentiellement par la différence de dosage de leur teneur en ammoniaque. Cette technique révolutionnaire a été précédée du défrisage à chaud qui, lui-même, a été précédés d’ancêtres bricolés mais dont le trait commun n’a jamais cessé d’être le lissage du cheveu crépu.
Selon Juliette Sméralda, sociologue, suteur, cette situation s’accorde aussi avec le contexte de la perte du peigne africain. En effet selon elle l’arrachement de l’Africain de son environnement, sans aucun des accessoires nécessaire au coiffage de son cheveu et au soin de sa peau, en plus du regard très négatif que le Blanc posera sur ses caractères somato-biologiques, et des conditions inhumaines de son asservissement sur des plantations où il travaillait telle une bête de somme sans répit, sans hygiène, sans soins d’aucune sorte, sont les trois paramètres déterminants à prendre en compte pour comprendre le sens du défrisage et de l’éclaircissement. Ce sens se manifeste de nos jours sous divers aspects et avec plus de critères intégrés à la matrice d’analyse mais ce complexe d’infériorité reste le même, ainsi que cette dose de mimétisme.
Toujours selon cette dernière, le manque d’outils adéquats suscitera alors l’utilisation de ceux à portée de main Ainsi donc cette évolution dans ce nouveau contexte amènera cette population à utiliser des peignes. Des brosses et des peignes usagés, cédés par leurs maîtres afin qu’ils soient “présentables”, puisqu’ils vivent dans sa maison. Ce n’était pas seulement l’usure de ces accessoires qui explique les problèmes qu’ont eu les esclaves à s’en servir, mais leur inadaptation à la structure même du cheveu crépu, pour le coiffage duquel les Africains ont inventé le peigne afro à grosses dents bien écartées, aux pointes délicatement arrondies pour démêler en douceur le cheveu crépu. On se retrouve alors dans un contexte où la coiffure quotidienne se transforme en l’opération torture. Le phénomène touchera les générations successives et constituera le prétexte idéal à la décision d’en “supprimer” la texture qui fait souffrir certes, mais que les Africains avaient bel et bien appris à trouver “laide” et “courte”.
Ce bref aperçu de cette tranche d’histoire nous amène à comprendre, que de nos jours le retour au naturel, à ce cheveux crépu, représente plus qu’un effet de mode et impactera plus que l’on ne peux s’imaginer cette tournure identitaire qui à du mal à se dessiner et se préciser.
Il s’agit de faire comprendre au monde aujourd’hui que nous avons intérêts à nous connaître. Nous avons intérêts à valoriser nos acquis et à en tirer la fierté qui doit logiquement suivre. Combien de filles ou de femmes ne prennent pas encore conscience de ce trésor que représente la texture d’un cheveux crépu? Comment ne pas se rendre compte des risques corporels que nous prenons lorsque nous faisons le choix de modifier nos acquis en nous exposant au défrisage ? Pourquoi ne sommes-nous pas fiers de ce que nous sommes ?
Tout processus de développement et de croissance est appelé à prendre en compte divers facteurs, au nombre desquels je me permets, et à raison, d’inclure la conservation de notre cheveu crépu. Tant de questions qui restent encore avec les mêmes réponses et auxquelles on ne cherche pas à apporter des solutions.A mon sens, ce retour au naturel est indissociable de la valorisation et de cette prise de conscience de notre identité. Oui nous ne le ferons pas du jour au lendemain, mais il est évident qu’il faut que nous puissions dès maintenant transmettre le flambeau au générations futures par des gestes simples.
Par chance nous ne sommes plus cette femme esclave qui s’occupait de sa maîtresse jour et nuit, n’ayant comme seul et unique model cette dernière et comme outil ce qu’elle voulait bien lui laisser.
Non ! Nous ne sommes plus à cette époque et nous nous empressons de le réaffirmer au jour le jour avec de grands théorèmes et avec une rhétorique sans égal… et cela depuis des lustres d’ailleurs… mais dans la vie de tous les jours comment se traduit cet engagement ? Comment se traduit cette lutte ?
Cette lutte se traduira a mon avis par le fait de s’informer, elle se manifestera par la maman qui par soucis d’apprentissage achètera une poupée au cheveu crépu à sa fille, elle se prolongera par la création de nos propres label de produits cosmétiques adaptés sans attendre en disant , Et se terminera par une femme belle et accomplie qui marchera la tête haute avec assurance et engagement !
De nos jours, Internet nous offre de nouvelles sources d’informations comme ces nombreux sites , forums et blogs spécialisés mis à dispositions pour des échanges, de l’information et même de la consultance gratuite .Veillons à y prêter attention et à se donner les moyens de les vulgariser.
Il est temps de se réveiller !!!! Car notre histoire est encore entrain de se faire sans nous !!! Où sont nos investisseurs ? Que devient notre beurre de karité ? Que devient notre huile d’argan ?« Les Noirs constituent le seul peuple au monde à avoir fait d’un trait physique étranger, à savoir le cheveu lisse, sa norme », dixit Juliette Smeralda.
L’investisseur sensé se rendre compte est entrain de payer pour que sa fille ait des cheveux lisses, pour que sa fille s’habille comme Paris Hilton.
Aujourd’hui je suis fière d’arborer ma belle crinière crépue … et ce parce que j’ai accès à l’information pour m’en occuper et je l’utilise …
Aller vers l’information et s’en servir, pouvoir cerner l’adéquation entre mes aspirations et mon vécu quotidien doivent être des comportements qui nous guident et nous permettent de concrétiser les discours engagés que nous tenons au quotidien.
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