Wednesday 9 March 2011

ADO s'enlise dans sa diplomatie hôtelière

Par LDC  revisité par Abidjan_pas net 

Contraint de rester - dans le meilleur des cas - un mois de plus au Golf Hôtel d'Abidjan, après le report des conclusions de la mission de l'Union africaine (UA), le «vainqueur» (pour la communauté occidentale exclusivement) malheureux de la présidentielle du 28 novembre, Alassane Dramane Ouattara, commence sérieusement à trouver le temps long. Ce n'est pas encore le syndrome de l'enfermement, mais plus le temps passe et plus "ADO" perd de sa capacité à mobiliser tant les Ivoiriens que la communauté internationale. Pendant ce temps, son adversaire Laurent Gbagbo campe toujours au palais présidentiel, s’arme et se finance. Pour le pire… Un imbroglio que LDC  a tenté de décrypter. 


Le mirage d'une intervention militaire - Face à un Gbagbo déterminé, la communauté internationale s'est perdue en conjectures et ultimatums sans lendemain. Des dizaines d'éléments de la Légion étrangère française ont débarqué à Abidjan et sont actuellement logés dans le camp de l'ex-43e BIMa. Il y a pourtant peu de chances que l'ONU s'engage à corps perdu dans une opération pour chasser Gbagbo du pouvoir. Les révoltes arabes et l’actualité libyenne ont relégué cette question au second plan. Unanime, il y a quatre mois, pour condamner la victoire à la Pyrrhus du "Boulanger d'Abidjan", l’Afrique est désormais totalement divisée sur le dossier ivoirien. Du Ghana au Mozambique, en passant par la Guinée équatoriale, l'Ouganda ou le Bénin, une quinzaine de pays sont hostiles au recours à la force. D'où la colère de Blaise Compaoré, le 3 mars à Nouakchott. Il a sévèrement tancé son homologue sud-africain Jacob Zuma, suspecté de vouloir diviser les pays de la Cedeao. Pour leur part, les médiateurs de l'UA tardent à adopter des "mesures contraignantes" par crainte que les ressortissants de leur pays en Côte d'Ivoire subissent des représailles. Quant au Nigeria de Goodluck Jonathan, pressenti pour prendre la tête d'une opération, il entrera en campagne présidentielle en avril. Réactivée via le Burkina Faso, la rébellion des Forces nouvelles est donc en première ligne.

Gbagbo, droit dans ses bottes militaires - Fort du soutien de l'Angola et, dans une moindre mesure, de l'Afrique du Sud, le président sortant n'en est que plus déterminé. Luanda a payé les salaires des fonctionnaires de février et financera probablement ceux de mars. Par ailleurs, Laurent Gbagbo cherche à écouler 100 000 tonnes de cacao. Selon nos sources, il tenterait toujours de vendre une partie du patrimoine immobilier de l’Etat ivoirien à travers le monde. A Bruxelles, des avocats travaillent actuellement à faire annuler les sanctions imposées par l'Union européenne à plusieurs entreprises, dont la Petroci et la SIR. Les marchés parallèles de devises ou de faux francs CFA apparaissent un peu partout à Abidjan. Et si les banques internationales étudient la façon de délocaliser les comptes des grandes entreprises à Dakar pour faciliter leurs opérations, cette hypothèse n'est pas du goût de Bercy, les fonds réinjectés dans l'économie pouvant permettre au camp Gbagbo de se refinancer. Et quid de l'embargo ? : "Jamais celui des Américains sur Cuba n'a autant conforté Fidel Castro", selon un responsable de la politique africaine de la France. Fin de citation.

Effet boomerang pour Ouattara - Même légitimé par les urnes, ADO, désormais pris dans le piège du pourrissement, court le risque d'être vu comme le principal responsable de l'asphyxie économique aux yeux des Ivoiriens : "On n'a quand même pas voté pour se retrouver au chômage !". A défaut d'une vraie communication de crise ou de déclarations publiques expliquant le sens de sa démarche, les circonstances peuvent se retourner contre lui. Le 4 mars, un communiqué de Ouattara a dénoncé la mort de sept femmes ayant défilé pacifiquement, la veille, dans la capitale économique. Un service minimum. Face à ce manque d'initiatives, et alors que l'ONUCI, très « passive » (très active en terme de terrorisme international)  malgré ses 11 000 hommes, évoque déjà une catastrophe humanitaire, les chances pour le prisonnier du Golf d'accéder au pouvoir - en tout cas sereinement - s'amenuisent.


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