Saturday 16 April 2011

GUERRES EN AFRIQUE LES DEUX PECHES CAPITAUX DE BARACK OBAMA

 sanfinna (Journal burkinabe)

S’il est un continent dans lequel les cœurs ont le plus vibré à l’unisson pour Barack Obama tant pour sa campagne d’investiture à la présidentielle américaine des Démocrates que pour celle de son entrée à la Maison Blanche, c’est bien l’Afrique. Comment pouvait-on ne pas être partie prenante de ce miracle en réalisation d’un fils de Kenyan devenant président des Etats-Unis d’Amérique ? Rêve fou qui ne pouvait même pas être imaginé il y a 05 ans de cela ! Et une fois l’impensable réalisé, c’est un véritable tremblement de terre qui a parcouru toute l’échine du continent premier.

 On était tous fiers de cette victoire qui concrétisait, après des siècles de lutte et de la façon le plus magistrale, l’homogénéité de la race humaine. Pour sûr, les choses allaient changer dans la conduite des USA, des affaires du monde. Et par la force de ses gènes, Barack Obama ne pouvait pas oublier l’Afrique. Comme de juste, ses deux voyages en Egypte et au Ghana ont été des grands moments de confirmation de sa promesse d’apporter plus de solidarité, plus de justice, de démocratie en Afrique. Mais hélas, Barack Obama, sans crier gare, déviera à mi-parcours de cette lancée de façon si violente qu’il a définitivement créé une fracture dans les sentiments qui lui étaient acquis sur le continent.


Il s’est laissé convaincre deux fois par la France de Sarkozy d’apporter la caution des USA à des guerres colonialistes et impérialistes qui marqueront durablement les relations entre le vieux continent et les grandes puissances.

Si en Libye, terre arabe et d’Islam,  le désir légitime de démocratie qui habite bien de Libyens doit être promu, jamais la voie de frappes aériennes, de destruction de vies humaines et de biens, ne devait être adoptée comme la solution pour y parvenir. Non seulement dans la région, les révolutions de velours qui faisaient tâche d’huile, sans coups de pouce occidentaux, pouvaient être imitées mais des réformes avaient été promises par le Guide  qu’il suffisait d’appuyer pour arriver à des changements à moindre coût ! Le choix contraire que Barack Obama a appuyé de toutes ses forces, c’est-à-dire la guerre,  ne peut que le faire tomber dans l’estime de beaucoup d’Africains.

En Côte d’Ivoire, le président américain s’est aussi laissé entraîner dans une agression totalement injuste. Ce n’est pas le Sénateur américain  Jim Inhofe (R-Okla.), membre éminent de la Commission sénatoriale des services armés (SASC) et du Comité chargé des relations étrangères du Sénat, qui dira le contraire, lui qui a déclaré que l’opposant ivoirien Alassane Ouattara  était « illégitime pour diriger la Côte d’Ivoire ».  Lui qui, plus encore,  a estimé nécessaire que les USA reconsidèrent leur position par rapport au conflit ivoirien : «… sur les témoignages que j’ai vus, et après avoir parlé avec plusieurs dignitaires en Afrique, j’ai soulevé la question des élections frauduleuses en Côte d’Ivoire à l’attention du Secrétaire d’État Clinton à plusieurs reprises lors des derniers mois. J’ai appelé les Etats-Unis à soutenir de nouvelles élections, mais à ce jour, ces efforts ont reçu très peu d’attention… Sur la base de nouveaux rapports faisant état de 1.000 personnes tuées par Ouattara à Duékoué, j’espère que les États-Unis reconsidérons cette position » (http://cameroonvoice.com/news/news.rcv?id=3450).

Changer, Barack Obama le doit car sur ce pays, il s’est particulièrement contredit d’une manière gravissime. A Accra, il a construit son discours sur  quatre points : « la démocratie, les opportunités, la santé et la résolution pacifique des conflits », et sur la lancée, il a parié sur les institutions, sur le Droit, beaucoup plus que sur les hommes : «L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes», avait-il martelé. Le voilà, paradoxe des paradoxes, qui se retrouve à  dénier, avec un entêtement irrationnel, les institutions ivoiriennes en construction depuis 50 ans pour leur préférer un homme en la personne d’Alassane Ouattara. Mais s’il ne s’agissait que de cela ! 

Pire, il a choisi, déniant les enseignements de Martin Luther King et le prix de son sacrifice,   d’être aux côtés de la violence brutale, de l’anti-Droit c’est-à-dire de l’antinomie de l’institutionnalisation du pouvoir dans ses manifestations différenciées. Il a opté de résoudre un simple conflit postélectoral par une guerre dont il a confié la charge, sans égard pour le réveil des traumatismes, à une ancienne puissance colonisatrice. Déjà le coût en pertes de vies humaines, de destructions infrastructurelles (militaires et civiles) réalisées au prix du sacrifice des Ivoiriens, soulève partout des haut-le-cœur tant l’écœurement et le dépit sont grands.

 Finalement, le prophète d’un nouvel humanisme qu’il fut, a pris le clair parti d’appuyer une rébellion dont le Canard Enchaîné du 06 avril 2011 (Extraits à lire sur le Net) a pu écrire ceci : « … ‘Selon plusieurs témoignages d'officiers supérieurs au ‘Canard’, la France a appuyé la conquête du sud du pays par les forces de Ouattara. L'un d'eux, proche de l'Elysée, se félicite de ‘notre efficacité dans l'organisation de la descente sur Abidjan’  (...) Un autre galonné, membre des services de renseignements, confie : ‘On a fourni des conseils tactiques aux FRCI’, mais aussi ‘des munitions et des Famas’ (fusils d'assaut) ….Des proches de Ouattara ont monnayé, en 2009 et 2010, d'importantes quantités d'or extraites des mines du Nord. Plusieurs tonnes ont été acheminées au Ghana voisin sous couvert de véhicules de... l'ONU. Puis envoyées, par petites quantités, à Anvers (Belgique) pour y être transformées. A l'état de poudre, cet or a été négocié à plus de 15.000 euros le kilo ».

Ce qui rend plus impardonnable ces deux péchés de Barack Obama pour la Libye et la Côte d’Ivoire, c’est qu’ils ont été commis dans la préméditation, en connaissance de cause, avec l’espoir que cela lui ferait gagner des dividendes pour un prochain mandat que tout annonçait difficile en raison d’une présidence, par ailleurs décevante sur bien des points ! Et là-dessus, Nicolas Sarkozy, improvisé « coach », laissera échapper avec assurance que ces guerres dont il a eu le génie, feront gagner à Obama son second mandat.

Barack Obama, un premier président noir américain finalement sans feu sacré, sans audace ni courage, plutôt suiviste que leader confirmé, faisant couler du sang noir pour redonner des couleurs à une cote de popularité passablement dégradée pour entrer en campagne électorale : si c’est pour cet homme qu’on a tant prié, tant brûlé de nuits de veille, alors que notre pénitence soit à la hauteur de notre méprise !



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