Sunday, 19 December 2010

Des anomalies troublantes dans les chiffres de la participation, au second tour du scrutin présidentiel en Côte d'Ivoire

L'examen attentif du taux de participation au second tour de l'élection présidentielle ivoirienne laisse apparaître de troublantes anomalies entre les chiffres annoncés immédiatement après le scrutin -le lundi 29 novembre et les jours suivants-, faisant état d'une participation autour de 70 % des électeurs et ceux proclamés le jeudi 2 décembre à l'Hôtel du Golf, par Youssouf Bakayoko, le président de la Commission électorale indépendante (CEI) qui indiquent une participation de 81 %.

Immédiatement après le second tour, le lundi 29 novembre et les deux jours suivants, des voix autorisées de la CEI, largement reprises par les agences de presse AFP, AP, Reuters et les médias internationaux, ont évoqué une « forte baisse de la participation » à l'élection présidentielle. Un sentiment partagé par la plupart les observateurs présents sur le terrain.


Ainsi, le vice-président de la CEI, Amadou Soumahoro, annonçait aux médias le lundi 29 novembre : « Le taux de participation au second tour de la présidentielle dimanche se situe autour de 70 %, en baisse par rapport au premier tour le 31 octobre où elle avait atteint
 83 %»




Sur la chaîne nationale RTI Amadou Soumahoro indiquait encore: « Nous sommes surpris que le taux soit aussi élevé, contrairement à ce que nous pensions hier (dimanche). Nous craignions que nous n'atteignions même pas les 60% de taux de participation ».Cette annonce est reprise sous une forme ou une autre par l'ensemble des médias, y compris France24. Elle figure, bien entendu, sur l'ensemble des sites ivoiriens, dont le plus important d'entre eux (et proche d'Alassane Ouattara) www.abidjan.net.



La déclaration de M. Soumahoro confirme celle du porte-parole de la CEI, Bamba Yacouba le lundi 29 novembre 2010 qui déclare: « pour ce second tour de la présidentielle, le taux de participation qui est d'environ 70 % est en baisse par rapport à celui du premier tour qui s'élevait à plus de 80 % ».



Le mandat de la CEI a expiré le mercredi 1er décembre à minuit. La constitution ivoirienne prévoit alors qu'il appartient au Conseil constitutionnel d'examiner les recours et de proclamer les résultats, avant certification par le représentant spécial du SG de l'ONU, M. Youn-Jin Choï.



Or, coup de théâtre : le jeudi 2 décembre à 15h00, M. Youssouf Bakayoko, dont le mandat de président de la CEI avait expiré depuis minuit, a été conduit au siège de campagne d'Alassane Ouattara à l'hôtel du Golf, sous escorte armée d'éléments des FN (rébellion).



Là, devant Alassane Ouattara et Guillaume Soro, Henri Konan Bédié n'étant pas là et en l'absence de la majeure partie de la presse ivoirienne, le président de la CEI a présenté aux rares journalistes étrangers présents des résultats correspondant à une participation de 81,1 % :



Bureaux de vote : 19 854

Inscrits : 5 784 490
votants : 4 689 321
blancs et nuls : 99 147
Laurent Gbagbo : 2 107 055
Alassane Ouattara : 2 483 164



La différence de voix est de 376 109 en faveur d'Alassane Dramane Ouattara. Celui-ci obtiendrait alors 54,1 % des suffrages exprimés, contre 45,9 % à Laurent Gbagbo.



Maintenant que la pression électorale est retombée, il est légitime de s'interroger sur cet écart surprenant entre la participation estimée peu après la fermeture des bureaux de vote, confirmée par la CEI et par l'ensemble des observateurs et celle annoncée trois jours plus tard par la CEI à l'Hôtel du Golf. Cette différence est de 11 points soit 636 293 électeurs supplémentaires. Or, à l'évidence, personne n'a voté après la fermeture des bureaux de vote...



En déduisant 2,1 % de bulletins blancs et nuls (taux indiqué par la CEI) on arrive à environ 625 000 suffrages exprimés qui sont tombés du ciel entre la clôture du scrutin et le jeudi 2 décembre. A comparer avec une avance de 376 109 voix en faveur d'Alassane Ouattara selon la CEI.



On peut donc raisonnablement penser que les résultats annoncés par M. Youssouf Bakayoko (possiblement sous la contrainte de son escorte en armes) ne sont ni sincères ni véritables. Et que la certification des résultats par le représentant spécial du SG de l'ONU, M. Choï, s'est faite sur une base truquée.



Il semble d'ailleurs que cette incertitude sur la validité de la certification ait été à la base de la détermination de la Russie à refuser toute résolution du Conseil de sécurité en ce sens, celui-ci devant se contenter d'une simple déclaration, certes très dure dans le ton, mais non contraignante.



Pour préserver la démocratie en Côte d'Ivoire et trouver une issue à l'impasse politique actuelle, il est donc indispensable qu'un réexamen objectif des chiffres du scrutin aboutisse à la reconnaissance par l'ONU d'une erreur de certification, son représentant ayant probablement été abusé. Une annulation totale des résultats du second tour est alors possible avec fixation d'une nouvelle date. C'est le plus sûr moyen de sortie de crise.

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