Par Philippe Brou dans Le Nouveau Courrier du 22 juin 2011
Titre: Abidjan_pas_net
Un mensonge éhonté… et inquiétant ! Pour justifier la libération de 17 des prisonniers politiques pris dans ce que Le Nouveau Courrier a appelé le «traquenard» de la Pergola, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Jeannot Ahoussou Kouadio a osé affirmer qu’ils n’ont jamais été privés de liberté.
« Le mot libéré est un petit peu trop fort parce que ces personnes n’ont jamais été incarcérées. Donc je ne suis pas d’accord avec le mot libéré. En fait, de quoi s’agit-il ? Suite à la capture du président Laurent Gbagbo le 11 avril dernier, certains militants du Fpi se sont sentis en insécurité totale dans la ville d’Abidjan. Elles se sont réfugiées au préalable au siège de l’Onuci à l’ex-hôtel Sébroko. Or, à cet endroit précis, il n’y a pas de chambres pour accueillir ces personnes. Donc en accord avec l’Onuci, nous avons décidé de trouver un autre endroit pour ces personnes qui se sentaient en insécurité afin qu’elles s’y réfugient. C’est ainsi qu’on est convenu de réquisitionner l’hôtel Pergola qui avait au préalable servi de base militaire à l’Onuci».
Prendre de telles libertés avec la vérité quand on sait que ces personnes ont été séquestrées et privées de leur téléphone mobile – entre autres abus – est sidérant ! Mais derrière cette faute morale, se cache un vrai malaise. Celui d’un ministre de la Justice dont le gouvernement viole au quotidien, dans la plus grande désinvolture, la Constitution de la Deuxième République. Les propos hallucinants du Garde des Sceaux et du ministre des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques, Gnenema Coulibaly, lors de la conférence de presse d’hier, confirment un fait : le pouvoir d’Alassane Ouattara n’a pas peur de violer au quotidien la Constitution qu’il a pourtant juré, lors de sa prestation de serment, «solennellement et sur l'honneur de respecter et de défendre fidèlement». Revue des articles de la Loi fondamentale sur lesquels le pouvoir actuel s’assoit sans scrupules excessifs.