Wednesday 1 June 2011

POURQUOI ALASSANE OUATTARA NE PEUT PAS RECONCILIER LES IVOIRIENS.

Par Fernand Agbo Dinde

Après la capture (et non la « capturation » comme l'a dit la Ministre pro-Ouattara de l'Education Nationale, Kandia Camara) du président Gbagbo par les forces spéciales françaises et sa mise à la disposition des FRCI, le nouvel homme fort d'Abidjan, Alassane Dramane Ouattara, n'a de cesse de clamer à l'envi que les Ivoiriens doivent se réconcilier. Il promet y travailler personnellement - ce qui est une bonne chose - mais là où se trouve le hic de l'affaire, c'est que ses actes nous renvoient un tout autre message et finissent de nous convaincre qu'Alassane Ouattara ne pourra pas réconcilier les Ivoiriens. Décryptage :


1-      Le Président Gbagbo, son épouse et 102 autres personnes sont illégalement incarcérés à Korhogo, Odiénné, Séguéla et Bouna, sans aucun chef d'accusation. Ils croupissent dans des geôles mal famées, pire que des camps de concentration et sont malmenés, interdits de visite et de soins de qualité. Sans compter tous ceux qui sont partis en exil, comme Charles Blé Goudé et bien d'autres. Les ONG et médias internationaux généralement si prompts à hurler avec les loups pour les moindres faits (surtout quand il s'agissait de Gbagbo), sont subitement devenus aphones. Il faut bien se le dire, Laurent Gbagbo a été élu par plus de 51% des Ivoiriens, n'en déplaise aux loges maçonniques qui ont installé de force Alassane Ouattara et aux partisans de la violence politique du RHDP. Tant qu'il sera donc en prison avec son épouse et ses collaborateurs, la paix en Côte d'Ivoire ne sera que très provisoire et factice, et la réconciliation, une vue de l'esprit. Libérer Gbagbo serait un geste majeur de restauration du tissu social déchiré et de réconciliation. Malheureusement, Alassane Ouattara, semble-t-il, le redoute trop pour le laisser en liberté et, surtout, faire de la politique. Il est trop heureux de les avoir vaincus avec l'aide de Sarkozy et il cache très mal son bonheur de les voir brisés et en prison. C'est un vindicatif, on n'y peut rien. Il n'est pas rassembleur. Tout l'opposé de Laurent Gbagbo. C'est d'ailleurs ce qui le perdra. Qu'il assume son coup d'état plutôt que de s'agripper à une légitimité électorale et constitutionnelle usurpée. Dans aucune république digne de ce nom de telles exactions ne peuvent avoir cours. Sauf dans un régime d'exception comme le sien, issu d'un putsch.

2-      Alassane Ouattara a nommé à la tête de la Commission Vérité et Réconciliation, un cacique de son camp, le Premier Ministre Charles Konan Banny. Un homme aussi marqué politiquement qui a été l'un des pires adversaires de Laurent Gbagbo trouvera-t-il le détachement nécessaire pour être neutre, impartial et rassurant pour La Majorité Présidentielle qui a justement beaucoup à dire sur les exactions et les crimes d'épuration des FRCI et d'Alassane Ouattara ? Impossible ! Il faudra donc s'attendre à une foire RHDP où ne se présenteront que les supposés victimes de Gbagbo. Nous le croyons avec une conviction absolue : ce forum sera une grosse farce pour se donner bonne conscience et prétendre avoir rapproché les Ivoiriens ; il ne sera, en réalité, qu'un procès en règle contre le Président Gbagbo pour justifier qu'il soit traduit devant la CPI, en lieu et place des bourreaux des Ivoiriens.

3-      Aucune réconciliation ne peut se faire sans l'armée ivoirienne et les FDS, qui ne font pas moins de 50.000 hommes et femmes en armes. A en croire un journal français qui interrogeait l'un des responsables des FRCI, seulement 20% de cette armée a repris le service. Où sont donc passés les 80 autres pour cent ? En clair, 40.000 soldats armés et bien entraînés sont dans la nature, dont un bon nombre à l'étranger avec le Com-Théâtre Konan Boniface, un redoutable marins (prononcer en anglais). Au point où se sont des FRCI analphabètes et en tenue bigarrées, fortement appuyés par les forces françaises (vous avez dit occupation et recolonisation ?) qui assure la sécurité présidentielle et, prétendument, celle des citoyens, avec en prime pillages, exactions, chasse à l'homme et assassinats. Pourquoi l'armée ivoirienne, à part quelques officiers supérieurs, n'a-t-elle pas encore fait allégeance à ADO, deux mois après la chute de Laurent Gbagbo ? Tout simplement parce qu'elle ne se reconnaît pas en lui. Depuis le carnage qu'il a mené contre elle en 2002, à Abidjan, Bouaké et Korhogo. D'ailleurs, les quelques-uns qui se sont hasardés à la reddition aux premières heures, se sont faits exécuter par les FRCI. Le message a été donc très clair et il est encore valable aujourd'hui : On ne peut faire confiance à Ouattara. Leurs camps et casernes sont, au surplus, occupés par les FRCI qui paradent avec leurs tenues et galons à Abidjan et eux, ceux qui ont fait acte de reddition s'entend, sont obligés de se mettre en civil et de se trouver d'autres logements. Mauvais signal envoyé aux FDS. Monsieur Ouattara qui, il faut l'avouer, est très peu doué en politique, ne comprend pas encore que ce sont ces erreurs-là qui vont mettre fin prématurément à son règne, s'il ne les corrige. Qui vivra verra !

4-      Bien des églises protestantes et évangéliques ne peuvent plus tenir de cultes à Abidjan parce que menacées par les FRCI. Des pasteurs sont activement recherchés, certains ont abandonné leurs églises et sont en exil au Ghana (j'en connais personnellement), quand d'autres se terrent de maison en maison pour ne pas se faire prendre. Un d'entre eux a été assassiné à Duékoué et de nombreux autres ont été sévèrement battus, séquestrés et dépouillés à Abidjan, comme par exemple à l'Eglise des Assemblées de DIEU d'Adjamé et à l'Eglise Baptiste Œuvres et Missions Internationales de Yopougon. Après des actes aussi graves qui créent une fracture sociale et religieuse, un seul mot aurait suffi pour la réconciliation : « Pardon ! ». Que nenni ! Cette noblesse-là, il ne faut pas la demander à Ouattara. Il ne faut donc rien attendre de lui. Il plane au 7ème ciel à l'idée de faire juger tout le monde et d'avoir tout le monde à sa merci.

5-      Les artistes musiciens peuvent constituer un canal puissant pour l'apaisement social. Malheureusement pour Alassane Ouattara, la grande majorité d'entre eux est pro-Gbagbo et donc recherchée. Au lieu d'œuvre à les rassurer pour les intégrer au processus de réconciliation, on continue de les traquer. En lieu et place, on fait passer sur TCI, uniquement des artistes RHDP, comme Noël Douré, pour des messages sans emprise ou comme Tiken Jah Fakoly, soutien indéfectible et tuteur des rebelles aux premières heures de la crise ivoirienne, au Mali, et d'Asalfo des Magic System qui ne cache pas sa nationalité burkinabé. Impact : Zéro ! Encore un manque de flair politique déroutant et déconcertant !

6-      Un autre indice nous convainc que l'avènement du pouvoir Ouattara n'a pas été du fait des Ivoiriens et qu'il sera difficile de les conduire à la réconciliation : la prise de pouvoir de Ouattara s'est faite sans éclats de joie, sans allégresse, sans liesse populaire, preuve on ne peut plus irréfutable qu'il n'est pas le choix de cœur du peuple de Côte d'Ivoire. Aujourd'hui une atmosphère lourde pèse sur Abidjan, depuis le départ de Gbagbo. Les Ivoiriens, bons vivants, polémistes à souhait et fêtards pleins d'humour ont perdu le sourire et de leur superbe, rasent désormais les murs, n'osent plus s'exprimer en public sur des sujets politiques (ce qu'ils affectionnaient particulièrement), de peur de se faire tuer et hantent nos rues clairsemées (autrefois grouillantes de monde et d'activité) comme des zombies. Quant aux travailleurs, ils n'ont plus le cœur à la tâche. Ils font simplement acte de présence, pour la plupart. Y a-t-il preuve plus grande de l'attachement d'un peuple à son président et de la majorité électorale de Laurent Gbagbo sur ses adversaires ? Abidjan s'est arrêtée de vivre. On n'a plus l'impression de vivre en Côte d'Ivoire. Plus de RTI, plus de presse bleue (à part Notre Voie du FPI, réapparu il y a quelques jours grâce à Mamadou Koulibaly, qui confirme la règle), plus de CRS, plus de BAE, plus de CECOS, plus de débat politique franc et ouvert nulle part, plus de pluralité d'opinion, plus de joie de vivre, plus de liberté. Rien que la pensée unique triomphante. En clair, la Côte d'Ivoire a disparu, au détour d'un coup d'état de la France. Les Ivoiriens le pardonneront-ils à ADO ? Pas si sûr !

7-      La Côte d'Ivoire n'a plus de tribunaux. Les prisons ont été vidées de leur monde par les FRCI et brûlées pour l'essentiel. Les magistrats sont quasi au chômage. Les palais de justice et sections de tribunaux, les commissariats et brigades de gendarmerie ont été pillés, brûlés ou occupés. A qui porter plainte pour un préjudice ou une exaction ? Les Ivoiriens ne se sentent plus en sécurité, ni même en vie ; d'autant que sur indication des militants RHDP et parfois de ressortissants étrangers de la CEDEAO (je connais personnellement un cas), les FRCI débarquent chez d'honnêtes citoyens au milieu de la nuit et les terrorisent, sous le fallacieux prétexte qu'ils détiendraient des armes par-devers eux. Au meilleur des cas, ils sont délestés de leurs biens ou frappés d'une amende lourde à réunir dans les 24 heures. Au-delà de cela, les militants et sympathisants LMP sont hués, moqués, nargués, injuriés dans les marchés, les lieux publics et dans les rues par les militants RHDP qui jubilent ouvertement de la capture de Laurent Gbagbo et de son épouse, à travers des chants très insultants et dégradants. Ils ajoutent à cela la vente de photos et de calendriers avec les images humiliantes de Laurent Gbagbo, son épouse, sa famille et tous ses collaborateurs battus, mis en sous-vêtements, ensanglantés. Certains autres calendriers célébrant leur victoire affichent sur la voie publique, les atrocités de l'épuration ethnique de Duékoué, avec des femmes tailladées à la machette comme du saucisson ou éventrées, des hommes et des jeunes gens égorgés ou décapités, des enfants mutilés. Et les partisans RHDP se les arrachent comme de petits pains pour les accrocher dans leurs maisons. Mon épouse a même entendu l'une d'entre eux, venue acheter son calendrier, dire : « Ils n'ont pas dit qu'ils peuvent ? Ça c'est petit. On va faire pire que ça ! ». Mon DIEU, où est donc passée l'humanité que tu nous as si jalousement donnée ? Parle-t-on de réconciliation dans une telle ambiance de suspicion, d'insécurité, de moquerie et d'humiliation de la partie adverse ? Certainement pas !

8-      Sous l'ère Gbagbo, quoi qu'on puisse lui reprocher, nous n'avons jamais eu besoin de nous endetter pour payer les salaires des fonctionnaires. Sous l'ère ADO, c'est tout autre chose : 400 millions d'euros de la France mendiés par-ci, 13.000 milliards de francs CFA des Institutions de Bretton Woods quémandés par-là. Autant nous dire qu'on vient de vendre notre pays, la Côte d'Ivoire ! Car jamais l'état ivoirien ne se sera autant endetté en aussi peu de temps. Un record inouï ! Exit l'achèvement de l'initiative PPTE du Président Gbagbo et vive l'embrigadement de l'économie  et des ressources minières ivoiriennes. La coalition anti-Gbagbo triomphante va régler ses factures avec ce qui est sensé être notre argent. On n'y verra que du feu. Beaucoup d'Ivoiriens commencent déjà à regretter amèrement le Président Gbagbo. Les nouveaux venus, les valises à peine déposées, parlent déjà dans les couloirs de réduction des salaires. Ils ne pourraient pas tenir longtemps ce rythme, susurrent-ils. Comment alors Laurent Gbagbo y parvenait-il, sans aucun appui extérieur et en pleine guerre ? C'est simple à comprendre : Gbagbo n'est pas un pillard. Il a même la réputation légendaire de ne pas être attaché à l'argent et de n'avoir aucun compte à l'étranger, contrairement à ses adversaires. Toutes les ressources du pays ne pouvaient donc que servir à investir dans le pays et à rehausser le niveau de vie des Ivoiriens. D'où les augmentations substantielles des salaires des enseignants du primaire au supérieur, des magistrats, des préfets et autres cadres de l'Administrations territoriale, des agents du Ministère de la Fonction Publique, des médecins, infirmiers et sages-femmes, des policiers, officiers de l'armée et douaniers, etc. C'est, en outre, cette manne financière qui nous a permis de financer, quasiment seuls (les autres bailleurs n'ayant pas tenu intégralement leurs promesses pourtant si attendues) le coûteux processus de sortie de crise ivoirienne et l'élection la plus cher du monde (record Guinness, s'il vous plaît !). Les nouveaux venus ont de lourdes factures à régler et des royalties à verser ici et là, pour services rendus, dont 5 millions de francs à chaque combattant FRCI, promis la main sur le coeur. Soyez-en sûrs, ils ne feront pas dans la dentelle. Doublé du fait qu'ils sont eux-mêmes (et tous) des hommes d'affaires. Tout le contraire de Laurent Gbagbo ! Ça promet pour le bien-être des Ivoiriens ! Ajouté à tout cela et pour ne rien arranger, le prix du cacao qui est passé de 1.000 francs CFA à 350 francs CFA depuis l'arrivée d'Alassane Ouattara au pouvoir. Où est donc passé le slogan de campagne sur le cacao : « Si je suis élu, les paysans vivront enfin du fruit de leur labeur » ? Croyez-moi, il n'y a pas pire ! Ce n'est certainement pas ainsi qu'on redonnera le sourire aux Ivoiriens et qu'on leur donnera envie de se réconcilier et de souhaiter longévité au pouvoir Ouattara. Non ! Nous en pensons tout le contraire.

Comme on peut le constater et le palper, Alassane Ouattara accumule erreur sur erreur, sûr qu'il est du soutien de la France et de son ami Nicolas Sarkozy, et conduit la Côte d'Ivoire dans le mur. Du feu couve. Une grande déflagration est à redouter, en permanence, à moins de réparer ces erreurs. Les hommes du régime Ouattara ont planqué familles et enfants à l'abri à l'étranger. Cela veut tout dire. A bon entendeur..., salut !

Que DIEU bénisse la Côte d'Ivoire !




No comments:

Post a Comment