Sunday 5 June 2011

Sarkozy : « après avoir fini avec le cas Gbagbo, il faudrait s’attaquer au cas Compaoré »


San Finna – La redaction 

Ça ne va pas au Faso ; c’est peu dire en vérité ! Le pays, paradoxalement, après avoir été présenté comme un exemple de bonne gouvernance, de stabilité, est emporté dans un tourbillon qui fait tomber les poutrelles sur lesquelles sa réputation reposait. Finie l’époque du Guide Routard qui vantait le pays en énumérant ses charmes visibles et discrets ; fini le temps où on le décrivait comme un havre de paix et de sécurité et qu’il était recommandé aux conférenciers d’y tenir ateliers, colloques et autres séminaires ; et de fait, ils s’y bousculaient.

En l’espace d’une crise, le Burkina Faso est passé de l’exemple au contre-exemple. La presse internationale en dresse maintenant, elle qui était si dithyrambique à son endroit,  un portrait qui n’est pas très dissemblable de ce qu’elle faisait vis-à-vis de la  Libye et de la Côte d’Ivoire. Et Nicolas Sarkozy, qui au plus fort de la crise ivoirienne, ne passait pas un jour sans communiquer avec Blaise Compaoré, le louant pour ses nombreuses qualités et invitant même Washington à en faire de même, a changé du tout au tout. En tout cas, s’il faut en croire le Canard Enchaîné, il aurait dit en substance qu’après avoir fini avec le cas Gbagbo, il faudrait s’attaquer au cas Compaoré, estimant qu’il ne sera pas permis qu’après avoir passé 24 ans au pouvoir, il cherche à rebelote après 2015. Alors, attention ! Ça commence comme ça et ça se termine par une pluie de bombes déversées par des Rafale et autres bâtiments de guerre.


On a vu le même scénario se mettre en place pour la Côte d’Ivoire et la Libye, et à quoi on a eu droit ? Sous prétexte de protéger des populations civiles de bombardements à l’arme lourde, de restaurer la démocratie ou de la faire naître, on a lâché des tonnes et des tonnes de bombes sur des villes, sur des palais, occasionnant des destructions incommensurables en vies humaines, en infrastructures, sans être assuré qu’en tentant de guérir le mal par le mal, on obtiendrait les résultats promis. Il faut préserver le Burkina Faso de ce choix.
L’exemple de pays comme la Tunisie, comme l’Egypte et peut-être demain le Yémen, qui ont réussi par d’autres voies moins destructrices à obtenir des changements structurels dans la gouvernance de leurs pays, peut-être d’un bon conseil pour nous. Mais sans promener le regard aussi loin, nous pouvons, en nous inspirant de nos propres exemples, retrouver certains sursauts du passé qui nous ont aidés à solutionner des crises graves sans avoir à recourir à des guerres rédemptrices. 


Le Faso, de tout temps, a toujours montré de l’attachement à son indépendance. Sous la période coloniale,  les Philippe Zinda, les Henri Guissou, les Ouézzin Coulibaly, ont contribué à développer cette vocation. Les présidents de ce pays tels Maurice Yaméogo,  Thomas Sankara, n’ont pas bougé d’un iota par rapport à la défense jalouse de notre dignité. La Constitution de la 4ème République en perpétue  même l’héritage à travers ce passage de l’article 59 de la Constitution ainsi libellé : « …En aucun cas, il ne peut être fait appel à  des forces armées étrangères pour intervenir dans un conflit intérieur »

 Quelle que soit la légitimité de notre soif de vérité, de justice et de démocratie, ne basculons jamais dans cette extrémité qui consisterait à en appeler à une intervention extérieure pour nous sauver de nos propres turpitudes afin de  nous servir sur un plateau d’argent la sécurité, la démocratie et la Justice. Il nous en coûterait le  prix de violences de toutes sortes qui nous feraient reculer des dizaines d’années en arrière. .

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