Alassane Ouattara et Guillaume Soro affichent une cohésion à toute épreuve devant les médias. Mais dans les coulisses de la présidence ivoirienne, les rapports entre les deux têtes de l'exécutif - duo improbable emmené par l'ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) et l'ex-leader de la rébellion des Forces nouvelles (FN) - sont empreints d'une certaine méfiance.
Plus de trois mois après l'installation d'ADO à la tête de l'Etat, Guillaume Soro, bien décidé à être incontournable même si son départ est acquis après les législatives de fin 2011-début 2012, n'hésite plus à envoyer quelques pics biens sentis au chef de l'Etat et à son entourage. Pour ce faire, il s'appuie sur le quotidien Nord-Sud, financé par son ancien porte-parole Méité Sindou, actuel secrétaire national chargé de la bonne gouvernance. Chaque jour, les articles consacrés aux proches du président ivoirien sont un peu plus incisifs. L'entourage de Guillaume Soro évite soigneusement de s'adresser aux conseillers de Ouattara, parmi lesquels Philippe-Serey Eiffel, pourtant considéré comme la personnalité la plus influente du palais d'Abidjan. Autre point de discorde : les appels répétés d'ADO au chef du gouvernement pour qu'il mette fin à l'économie parallèle qui sévit au Nord du pays ne sont guère entendus. Au-delà de la ville de Bouaké, les fraudes et les prélèvements de taxes indus par les ex-FN vont toujours bon train. Quant à la récente décision de Ouattara de supprimer la gratification mensuelle de 50 000 F CFA, dénommée "Les hauts, les cœurs", que Laurent Gbagbo avait instaurée pour les membres des Forces de défense et de sécurité (FDS), elle a également mécontenté Guillaume Soro. Ce dernier aurait souhaité le maintien de ce coup de pouce pour ses hommes, majoritaires au sein des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI).
De son côté, Alassane Ouattara a pris soin d'exclure les anciens commandants des ex-FN de son premier cercle. Même si Soumaïla Bakayoko et Michel Gueu ont été nommés, le 7 juillet, respectivement chef d’état-major des armées et chef d’état-major particulier de la présidence, ADO préfère s'en remettre au lieutenant-colonel Vagondo Diomandé pour sa sécurité personnelle. Neveu de Robert Gueï et actuel commandant du Groupement de sécurité présidentielle (GSPR), celui-ci a procédé personnellement au recrutement des éléments chargés d'assurer cette délicate mission. |
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