Wednesday 3 August 2011

Côte d'Ivoire. Brou Aka Pascal : Les dessous d'un « limogeage »


Par le nouveau Courier

Le limogeage de Brou Aka continue de défrayer la chronique. Dans les milieux concernés, on «tique» sur les raisons officielles. Maintenant, on en sait un peu plus, pour affirmer que l’ex-DG a été victime d’un complot !

«Cette décision (de limogeage, ndlr) est la conséquence de graves dysfonctionnements observés dans la gestion quotidienne de la RTI. Ces dysfonctionnements ont atteint leur paroxysme le samedi 30 juillet. En effet, la Direction générale de la RTI n’a dépêché aucune équipe de reportage pour assurer la couverture du retour du Président de la République de sa visite aux Etats-Unis d’Amérique...», indiquait le communiqué rendu public dimanche en soirée par le ministère de la Communication, dirigé par Souleymane Coty Diakité, pour situer l’opinion sur les raisons du limogeage de Brou Aka Pascal. Nombreux sont les Ivoiriens qui n’ont pas du tout pris cette version au sérieux, pensant fortement qu’avec ce dégommage subit, il y avait anguille sous roche.

Ce que Pascal Brou Aka a refusé de faire

Selon nos investigations, et d’après une source au sein de la Maison Bleue de Cocody, cette mesure tient du complot. En effet, Brou Aka Pascal aurait payé cash son opposition à certaines mesures proposées par l’entourage d’Alassane Ouattara. Mesures auxquelles il n’aurait pas daigné accordé de suite favorable. Brou Aka Pascal ne se serait pas montré très chaud à intégrer à la RTI un gros contingent des agents de TCI (la télé pirate devenue pour un temps la télé nationale) que lui auraient proposé des membres influents de l’entourage de Ouattara. Une mesure qui, si elle avait été appliquée, aurait débouché indirectement sur le renvoi, en douceur de certains agents officiels de la télévision taxés de rouler pour LMP et le Président Gbagbo.Un enrôlement-récompense en fait pour ces agents de TCI qui ont «fait le boulot» pendant la crise post-électorale. De façon courtoise, Brou Aka aurait répondu que «ce n’est pas professionnellement faisable». Un refus qui a apporté de l’eau au moulin des «durs» du sérail présidentiel qui le taxaient d’être un pro-Gbagbo caché. Surtout après que Brou Aka Pascal a gardé dans son organigramme certains de ces «indésirables». Les «faucons » du ouattarisme décident donc d’avoir sa tête. Et mettent en branle leur coup sur le voyage aux USA.

L’équipe de reportage insidieusement trompée

Une équipe de reportage avait bel et bien été envoyé en reportage à l’aéroport. Sauf que celle-ci aurait été insidieusement trompée ! Le service de communication de la Présidence, au parfum de ce qui se tramait, aurait fait savoir au chef des reportages institutionnels, Habiba Dembélé, qui conduisait cette équipe, que le voyage du chef de l’Etat était une visite privée et qu’il n’y avait pas lieu de couvrir son arrivée. Il aurait été par ailleurs signifié aux équipes de la télévision que l’arrivée de Ouattara était prévu pour 14h GMT alors qu’en réalité c’était à 9h GMT. Suite à quoi, l’équipe de reportage est rentrée.Ce qui explique que, c’est seulement un cadreur qui a été envoyé en catastrophe pour la couverture, et qui s’est du coup transformé en journaliste, lorsque l’arrivée imminente du chef de l’Etat a été sue. D’où la mauvaise qualité du reportage diffusé sur les antennes. Sinon, comment comprendre qu’un tel voyage de haute portée politique pour la présidence aurait pu être délibérément boycotté par la direction générale, si ce n’est se faire hara-kiri ?

Des collaborateurs impliqués

Le coup étant réussi, les instigateurs n‘avaient ainsi qu’à désigner le DG de la RTI comme principal fautif de «ce dysfonctionnement ». Ouattara, très soucieux de son image et de la com’ qui l’entoure, ulcéré, ne pouvait que signer le décret de limogeage pour punir Brou Aka de ce crime de lèse majesté. Il a été remplacé par un intérimaire, en la personne de son adjoint Aka Sayé Lazare. 

Là où le cynisme et l’hypocrisie sont à leur comble, c’est quand notre source fait savoir que le DG discutait même dans la cour de la télé avec ses adjoints, ce samedi en soirée, alors que l’un d’entre eux avait la décision de limogeage dans sa poche. Ce dernier aurait attendu que Brou Aka s’en aille pour faire passer le communiqué en bande déroulante. Le brillant journaliste, ex-Rédacteur en chef du JT de La Première se retrouve donc pour l’instant sur le carreau. Désappointé en plus. Et expérimentant, à l’instar de certains de ses collaborateurs d’hier qui l’auront appris à leurs dépens, les coups fourrés qui sont le lot quotidien de la Maison Bleue de Cocody. Et maintenant qu’il est écarté, la voie est toute dégagée pour ces comploteurs de l’ombre qui pourront façonner la télévision nationale à leur manière.  

Focal. Brou Aka Pascal : le mouton du sacrifice !

C’est su, Brou Aka Pascal n’est pas de la famille Rdr ou Rhdp. Selon une indiscrétion, il aurait été parachuté à la tête de la direction générale de la Rti pour avoir prêté main forte à la campagne de com’ du président du Rdr dont le point fort a été le débat télévisé entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Brou Aka Pascal était donc un «parvenu favorisé» là où d’autres professionnels (Aka Sayé Lazare, Dégny Maixent, ...) ont bandé leurs muscles pour le «brave-tchè» jusqu’au 28 novembre 2010 (date du second tour de la présidentielle).Le désormais ex-Dg de la Rti était donc sur des braises. Sur un fauteuil éjectable. A la moindre petite erreur. Cependant, reste à savoir quel sera son point de chute d’autant plus qu’avant de le dégommer, ses supérieurs hiérarchiques ont évoqué «la conséquence de graves dysfonctionnements observés dans la gestion quotidienne de la RTI»


Autant dire que c’est la descente aux enfers pour l’ancien rédacteur en chef du JT de la première parce que le gouvernement qui «veut envoyer des signaux de bonnes gouvernance et de rigueur» ne prendra certainement pas de risque de le nommer à un autre poste de responsabilité, vu qu’il a à leurs yeux fait preuve d’incompétence. Un éventuel « recasement » serait vraiment difficile à expliquer aux Ivoiriens.



Focal . Le deux poids deux mesures de Ouattara : ‘‘Rigoureux’’ avec Brou Aka, faible devant les Com’zones !

Avec le débarquement de Brou Aka Pascal de la tête de la Rti, Alassane Ouattara, vient de témoigner une fois de plus que son image passe avant tout, y compris la sécurité et la vie des Ivoiriens  Brou Aka Pascal, en tant que Directeur général de la Rti, «squattait » la télévision pro-Rhdp, Tci, en attendant le redémarrage, le 6 août prochain, des programmes de la télévision nationale. Pour n’avoir pas dépêché, diton officiellement, une équipe de reportage pour couvrir le retour au bercail d’Alassane Ouattara, la sanction ne s’est pas faite attendre. Dans la même soirée du samedi dernier, un décret de limogeage du Dg de la Rti est signé. Brou Aka Pascal est viré et paie ainsi cash, une «faute administrative». Mais, en fait ce qui lui a valu sa place est bien ailleurs que l’«incident» du samedi dernier. 


Sinon de tout temps, les chefs de l’Etat ivoirien ont toujours voyagé avec des équipes de reportages des médias d’Etat que sont la Rti et le quotidien Fraternité matin. Et bien plus encore, Ouattara a son propre service de communication bien équipé. L’argument selon lequel la Rti est une structure autonome pouvant financer sur fonds propres ce déplacement ne saurait prospérer non plus. En réalité, au-delà du «scoop»médiatique que Ouattara et ses services ont subtilement offert à la presse et à l’ensemble des Ivoiriens avec ce «vrai-faux» limogeage de Brou Aka Pascal, le chef de l’Etat témoigne ainsi de ce que son image policée est bien plus importante que la souffrance au quotidien des Ivoiriens. 

Sinon comment comprendre que la «noncouverture » par la Rti-Tci de son arrivée, l’émeuve plus, au point d’en démettre le Dg dans les instants qui suivent, que les nombreuses exactions quotidiennes dont sont victimes les populations ? Il ne se passe de jour, sans que ne soient rapportées par la presse, les Ong de défense des droits humains et même l’Onuci, des faits avérés d’exactions contre les populations par les Frci, dont la hiérarchie est bien connue de Ouattara et son administration. Sans que la moindre sanction ne puisse tomber.

Complicité ou impuissance ? La seule mesure prise à ce jour est une demande d’explication médiatisée – lue au JT de 20 heures s’il vous plait – adressée à Koné Zakaria, pour un dérapage d’un de ses éléments à Adjamé ayant occasionné des blessés par balles. 

Plusieurs rapports d’Ong internationales ont montré du doigt la responsabilité de plusieurs commandants Frci, notamment Ben Laden, Eddy Meddy, Chérif Ousmane... Personne n’a osé interpeller ces derniers encore moins prendre des mesures conservatoires. Pis, Alassane Ouattara lui même s’est érigé depuis les Etats-Unis en défenseur des «sauveurs» qui se comportent en bourreaux des populations. Notamment, les Dozos qui règnent en seigneurs dans l’ouest ivoirien et celui dont il a été le témoin de mariage, Chérif Ousmane.


Interrogé sur les accusations d’Amnesty International selon lesquelles Chérif Ousmane serait impliqué dans des exécutions extrajudiciaires à Yopougon, Ouattara répond sans détour : «Ça ne peut pas être vrai (...) Chérif Ousmane est l'un de nos meilleurs soldats», a-t-il répondu, affirmant que les soldats servant sous les ordres d'Ousmane sont connus pour être particulièrement bien entraînés et respectueux. La cherté de la vie, la rareté du gaz butane, la montée exponentielle des prix des denrées alimentaires, les factures exorbitantes et injustifiées de la Cie- Sodeci, le racket accru des transporteurs, les exactions contre les populations civiles… sont moins importants aux yeux du chef de l’Etat que son image de retour d’un séjour américain.

Les Ivoiriens auront tout de même compris que Ouattara considère son «omniprésence» médiatique prioritaire. Devant le rétablissement d’un climat de sécurité avec la prise de mesures idoines vis-à-vis des commandants des Frci mis en cause. Le limogeage de Brou Aka Pascal n’est en réalité qu’un effet de com’ qui voudrait mettre l’accent sur une rigueur qui n’en est une que lorsqu’elle se rattache à la personnalité d’Alassane Ouattara.

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